Le destin incertain du golf

La suspension des travaux des Habitations Trigone, qui étaient en cours à Chambly, a relancé les discussions entourant l’avenir de son ancien golf et la modernisation de la Loi sur l’expropriation.

Le 30 septembre dernier, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a créé une véritable onde de choc dans l’industrie en annulant les 19 licences de construction qu’elle avait accordées à l’entreprise Habitations Trigone, qui exploite environ 20 000 logements locatifs à travers le Québec. Le constructeur de condominiums, qui exerce ses activités au travers de 23 filiales, a notamment un projet en cours à Chambly, sur le terrain de l’ancien golf, et de nouveaux chantiers sur la rue Daigneault qu’il lui faut ainsi stopper. Le développement des premières phases du projet sur 35 hectares laisse aujourd’hui au golf une superficie de 26 hectares, pour l’instant non développés.

« Une ville devrait avoir 30 % de couverture forestière et 17 % de son patrimoine naturel protégé. » – André Labarre

Le dernier espace vert

Militant pour la préservation du golf depuis de nombreuses années, le mouvement citoyen Dernier espace vert de Chambly, créé en 2016, souhaite faire de ce qui reste de l’ancien golf un parc écologique. « Ce que l’on propose, c’est d’y faire des sentiers de promenade, mais pas d’infrastructures fixes. Il faut laisser la nature agir en tant qu’infrastructure verte », indique André Labarre, porte-parole du mouvement. « Une ville devrait avoir 30 % de couverture forestière et 17 % de son patrimoine naturel protégé. À Chambly, on est à 1 % de territoire protégé. Le périmètre urbain est développé à 98 %. » M. Labarre fait référence au Registre des aires protégées, un document mis à jour le 31 mars 2021, et dont la Loi sur la conservation du patrimoine naturel prévoit la tenue.

Du point de vue électoral

En entrevue avec l’animateur Éric Latour sur TVHR9, la mairesse sortante et candidate au même poste, Alexandra Labbé, a plutôt parlé d’un développement à 95 % : « Chambly a atteint presque le développement complet de son périmètre urbain, donc il nous reste à peu près 5 % de terrain non développé. Donc on est en re-développement (…) Ça va prendre des élus qui sont capables de prendre des décisions difficiles, qui sont capables d’avoir le courage de bien les expliquer, bien les défendre, et de travailler avec la population étroitement pour s’assurer qu’on re-développe harmonieusement avec ce qu’on a déjà en place », a-t-elle déclaré. Au journal de Chambly, Mme Labbé a mentionné vouloir « préserver un maximum de ce magnifique espace vert. Il n’y a plus de débats à avoir là-dessus. Ce qu’il faut arrêter de cacher, c’est que l’on a dans ce secteur d’énormes enjeux de circulation et des enjeux d’aménagement. Je nous souhaite un aménagement qui répondra au besoin de tous. »

Pour son opposante, Julie Daigneault, candidate à la mairie pour Démocratie Chambly, l’aménagement du secteur, et plus particulièrement la densification de Chambly, constituent aussi un enjeu de priorité sur lequel mener le débat. « La densification ne doit pas se faire aussi forte qu'(Alexandra Labbé) le souhaite », a-t-elle commenté. En entrevue avec le journal, elle a insisté sur l’importance de l’implication citoyenne « dans l’ensemble des processus décisionnels ». Elle dit miser sur « un développement qui ne sera pas mené en opposition avec l’environnement ».

Une action du conseil

Le 5 octobre dernier, lors de sa dernière assemblée ordinaire, le présent conseil municipal a adopté la proposition d’appuyer le projet de réforme de la Loi sur l’expropriation (RLRQ, c. E-24), afin de favoriser le rachat des terrains à leur valeur marchande par les municipalités.

« Ce qui est important dans cette résolution, c’est que l’on parle de rééquilibrer les forces des parties, donc la force d’une municipalité qui voudrait acquérir, par exemple, un terrain privé, un ancien golf à Chambly, sans payer tous les excédents, aller devant le tribunal administratif du Québec et avoir à faire des dépenses astronomiques », a expliqué la conseillère Marie-Lise Desrosiers lors de la séance.

Lors de la période de questions citoyennes, Mme Labbé a indiqué que « c’est un appui pour une réforme. Ce n’est pas (le conseil) qui en (décide). Ça ne veut pas dire que ça va mener à une réforme sur la Loi de l’expropriation », a-t-elle tenu à exprimer, ajoutant « que l’on n’a pas associé ça à un dossier particulier. C’est vraiment une réforme beaucoup plus large que seulement sur le projet (du golf) ».