Le comité favorable à la démolition de la maison
Le comité de démolition de la Ville de Chambly a donné un avis favorable à la demande de démolition de la maison sise au 13-15, rue Lafontaine à Chambly, une maison patrimoniale.
Il a rendu sa décision lors d’une assemblée publique du comité. La population a alors 30 jours pour demander au conseil municipal un appel de la décision. Si aucun appel n’est demandé, le permis pourra être délivré après le délai, soit le 19 mars. Sinon, les élus devront trancher lors de l’assemblée publique du 7 avril.
Les élues qui siègent au comité, Marie-Lise Desrosiers et Julie Daigneault, ont souligné que la décision n’a pas été facile. La maison construite en 1849 a abrité le premier marché de Chambly, a accueilli les premières assemblées d’élus de Chambly-Canton et a déjà servi de caserne avant d’être convertie en résidence. « À la lumière des documents qui nous ont été présentés et des rapports, je suis à l’aise avec la décision, mais ce n’est pas sans un pincement au cœur », souligne Mme Daigneault.
De manière générale, la dizaine de personnes présentes ont principalement demandé à ce que des experts en histoire puissent visiter les lieux avant sa démolition. Cela permettra de documenter son histoire et de conserver certains éléments du bâtiment. « Oui, on va perdre le bâtiment, mais on va prendre tout ce qu’on peut », a indiqué Raymond Ostiguy. Les propriétaires, Immeubles Balex, se sont montrés ouverts à l’idée. « Ils peuvent venir. Si ça peut servir à l’histoire, tant mieux », soutient Alain Brodeur.
Des citoyens ont toutefois noté que la Ville devrait ajuster sa réglementation afin d’exiger un rapport d’expert en bâtiment ancien pour ce genre de maison avant d’approuver la démolition.
Le rapport de l’ingénieur en bâtiment révèle entre autres une pourriture des solives, l’érosion de la fondation, une infiltration d’eau et une importante corrosion de la tuyauterie.
Contre la démolition
Un des locataires a pris la parole. Il a indiqué que l’immeuble n’était pas si en « décrépitude » et a ajouté « qu’aucune rénovation n’avait été faite ». Il a soulevé qu’on devrait obliger les propriétaires de maisons anciennes à les entretenir.
Le conseiller indépendant, Serge Gélinas, soutient qu’on ne doit pas démolir cette maison. Selon lui, la Ville doit demander l’avis du ministère de la Culture avant d’accorder la démolition. À la lumière de ce qu’il a entendu lors de l’assemblée du comité de démolition, M. Gélinas estime que les arguments sont les mêmes que ceux évoqués par les opposants à la démolition de la maison Boileau. Il souhaite que « les gens qui ont a cœur le patrimoine » viennent s’exprimer à la prochaine assemblée des élus en mars.
« À la lumière des documents qui nous ont été présentés et des rapports, je suis à l’aise avec la décision, mais ce n’est pas sans un pincement au cœur. » – Julie Daigneault
Fonds pour le patrimoine
M. Gélinas déplore que la Ville avait « l’outil financier pour aider les propriétaires de maisons patrimoniales avec les horodateurs (qui ont été enlevés en novembre). Chambly attire des touristes, pas seulement des gens du bassin de Chambly. Les gens de l’extérieur auraient pu contribuer à préserver le patrimoine », affirme-t-il.
Jumelé aux horodateurs, le fonds PHAC, soit pour le patrimoine, l’histoire et les activités culturelles, avait été créé. Le fonds avait accumulé 300 000 $. Cette somme a été divisée en trois parts égales pour des budgets participatifs.
« Pour avoir un programme de soutien et aider les propriétaires de maisons patrimoniales, il faut définir les critères. Ce n’est pas ce qui a été fait avec les horodateurs. C’était à la discrétion du conseil et ce n’est pas l’orientation qu’on veut », soutient la mairesse, Alexandra Labbé. Elle ajoute « qu’il aurait été difficile de justifier d’investir des fonds publics dans cette résidence ».
La mairesse précise toutefois qu’il y a une volonté du conseil de doter la Ville d’outils pour aider les propriétaires de ces maisons. Elle affirme que ce dossier a aidé à la réflexion. Mme Labbé siège également depuis tout récemment à la table de concertation pour la protection et la mise en valeur du patrimoine et des paysages du grand Montréal. « On veut prendre le temps de voir les programmes qui sont offerts et adapter le nôtre. On ne veut pas non plus dédoubler l’aide », dit-elle.
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