L’intelligence artificielle au service de la médecine préventive

Selon une récente étude, 66 % de la population du grand Montréal ferait confiance à l’intelligence artificielle, et 83 % estimerait que l’innovation en santé pourrait aider à désengorger et à mieux utiliser les ressources du réseau de la santé.

Ces chiffres sont tirés des résultats d’un sondage mené par Biron Groupe Santé en décembre, dévoilés le 25 janvier, et transmis au Journal de Chambly. Le sondage a été réalisé dans le cadre du lancement de la compétition Phase B, une initiative de Biron mettant en valeur les dernières innovations de la médecine préventive, dont les solutions en matière d’intelligence artificielle (IA). Mais en quoi l’IA peut-elle déjà servir à la médecine?

Détecter la maladie en amont

L’intelligence artificielle a plusieurs vertus, dont celle de permettre d’établir un diagnostic médical de façon précoce. Experte en la matière, l’entreprise Zilia a été lauréate de la dernière édition de la compétition Phase B. Elle a mis au point une plateforme technologique visant à détecter des maladies oculaires graves avant même l’apparition de dommages à l’œil, impliquant une caméra rétinienne, qui permet la mesure continue de l’oxygénation dans l’œil.

66 %
C’est la proportion du grand Montréal qui a confiance en l’IA

« La majorité des diagnostics pour prévenir les maladies oculaires surviennent tardivement et les outils cliniques actuels ne permettent que l’évaluation des dommages déjà causés à l’œil, relate l’entreprise. Dans une optique de prévention de ces conditions, Zilia propose une plateforme technologique combinant imagerie, spectrométrie et intelligence artificielle, permettant la mesure de biomarqueurs précoces dans l’œil humain. »

Dans la même veine, on pourrait bientôt être capables de détecter des dizaines de cancers différents avant même l’apparition des premiers symptômes, rien qu’avec des tests sanguins, une innovation sur laquelle planchent beaucoup de chercheurs.

Aider au triage

En termes de solutions IA de base et accessibles à tous, on peut penser aux applications robots, offertes sur Internet ou encore sur mobile, qui, bien que basiques, permettent à leur utilisateur d’obtenir un diagnostic préliminaire. En répondant aux questions du robot ou du logiciel par simple choix de réponse quant à vos symptômes, à savoir si vous avez mal à la tête, au ventre, aux articulations, ou si vous éprouvez toute autre sensation, vous pouvez ainsi obtenir une proposition de diagnostic, sous toute réserve. Il est toutefois recommandé de consulter un vrai médecin pour obtenir un diagnostic officiel.

Une intelligence artificielle pourrait aussi, par exemple, aider au triage dans les urgences des hôpitaux et permettre de choisir qui recevra des soins devant le manque de ressource.

Les avantages, selon les répondants

Parmi les principaux avantages de l’usage médical de l’IA soulevés par les répondants au sondage, on compte l’obtention plus rapide d’un diagnostic (66 %), un accès plus rapide aux traitements (60 %), et l’amélioration de l’accès aux soins et aux services de santé en général (51 %). Près des deux tiers (63 %) des répondants se disent confiants quant à l’intelligence artificielle pour prédire ou prévenir des problèmes de santé.

« Nous avons accueilli très favorablement les résultats de ce sondage, qui sont très encourageants. Ils viennent nous confirmer que nous sommes à la bonne place pour continuer de stimuler l’innovation en santé, notamment avec des initiatives comme Phase B, plus que jamais pertinentes. Il s’agit d’apporter des solutions nouvelles pour les patients », défend le Dr Nicolas Tétreault, biochimiste clinique, directeur scientifique et innovation chez Biron.

Une tendance renforcée

Ces résultats s’inscrivent dans une volonté des Québécois d’être plus rapidement et efficacement pris en charge, une tendance que l’on avait observée, notamment, avec l’avènement de la télémédecine au début de la pandémie.

« La télémédecine s’est installée ici plus vite qu’elle ne l’aurait dû, sans être vraiment au point, en raison de la pandémie, alors que la transition avait déjà été enclenchée dans l’Ouest canadien », soulève en entrevue Isabelle Bourassa, Chamblyenne et secrétaire médicale.

Le Dr. Sarkis Meterissian, chirurgien-oncologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), juge, quant à lui, la télémédecine surfaite malgré l’engouement qu’elle suscite. Selon lui, « On ne devrait pas se montrer si enthousiaste pour la télémédecine. On ne peut pas faire l’examen des seins ou de la prostate au téléphone! ». Mais force est de constater qu’en raison du nombre de patients non pris en charge par un médecin de famille, l’intérêt grandissant pour une médecine nécessitant moins d’interventions en présentiel, moins de contacts et moins de consultations humaines n’est pas près de s’essouffler.