Le VR, pas que pour les gamers

Encore associé aux gamers et méconnu de certaines générations, le marché de la réalité virtuelle connaît, depuis la pandémie, un essor au sein d’un bassin moins homogène d’utilisateurs.

Si les créateurs de l’univers Star Trek prédisaient l’avènement de la réalité virtuelle (VR) et du holodeck en l’an 2364, il n’aura fallu attendre que jusqu’en 2010 pour se doter du tout premier prototype de casque VR conçu par Oculus. Mais c’est avec les mesures d’isolement imposées par la pandémie et le besoin d’un divertissement nouveau que l’innovation a réellement suscité un intérêt grandissant de la part des consommateurs. Cette demande, qui croît depuis deux ans, se heurte toutefois à un manque d’accessibilité auquel tente de remédier une entreprise de la région.

Démocratiser le rêve

En 2020, la firme de consultation Grand View Research évaluait à 15,81 milliards la valeur du marché du VR. Aujourd’hui, elle prévoit un taux de croissance annuel capitalisé de 18 % jusqu’en 2028. Cet essor, l’entreprise VrTonRêve en est consciente et en profite. Fondée au début de la pandémie par deux amis, Carl Gauthier et Reasmeil Tan, et basée à Brossard, elle offre aussi ses services à Chambly et à Saint-Bruno, et souhaite démystifier l’idée que le VR ne s’adresse qu’aux gamers à gros budget. « Nous avons des partenaires à Chambly et à Saint-Bruno qui permettent aux clients à proximité de louer un casque. Il vous suffit de le réserver d’abord auprès de VrTonRêve, de nous présenter le type de besoin, et nous, on se charge d’exaucer votre rêve! », lance en entrevue le cofondateur, Reasmeil Tan, qui se remémore l’histoire à l’origine de son désir entrepreneurial.

« Les rêves des gens se rejoignent souvent (…) » – Reasmeil Tan

Tout commence par un rêve

« Tout a commencé avec le rêve de ma grand-mère, d’origine cambodgienne. Aux prises avec un cancer généralisé, elle rêvait de revoir une dernière fois la mer. À l’époque, la réalité virtuelle n’était pas du tout abordable, mais j’avais l’idée de louer un casque pour lui permettre de voir la mer à travers. Personne n’a accepté de m’en prêter un. J’ai finalement organisé un voyage en Gaspésie avec elle, et ma grand-mère a pu se rincer l’œil. Entre-temps, l’idée d’offrir un service personnalisé de location de casques germait dans ma tête. »

Un monde sans limites, ou presque…

Moyennant un tarif de 80 $ ou 120 $, on peut réserver un casque Oculus Quest de première génération pour 48 heures ou une semaine. On a alors accès à toute la bibliothèque, à des dizaines et des dizaines d’applications et de jeux, auxquels s’ajoutent continuellement de nouveaux articles. On peut escalader l’Everest, sauter en parachute, jouer à un jeu d’évasion, faire de la boxe et mitrailler des zombies, le tout de son salon. Les amateurs de musique, d’entraînement et de sabres pourront ainsi se déchaîner en brisant des cubes fluorescents dans l’un des jeux VR les plus populaires, Beat Saber, au rythme de la playlist musicale de leur choix. Ceux de sensations fortes seront servis dans Super Hot, The Exorcist, Ritchie’s Plank Experience et d’autres jeux aux mille et un dangers. « Les rêves des gens se rejoignent souvent : voler, nager avec les dauphins, c’est quand même assez facile de répondre à leurs attentes et on fait en sorte de rendre cela possible. On peut tout essayer pendant la période de location, sans avoir à débourser des centaines de dollars pour acheter un casque », explique Reasmeil. Notons toutefois qu’il est possible de se procurer l’Oculus Quest de deuxième génération dans un magasin près de chez soi, pour environ 400 $, une option qu’un utilisateur pourrait trouver plus profitable sur le long terme, d’autant plus qu’il pourra utiliser son propre compte et enregistrer sa progression et ses paramètres. Mais selon Reasmeil, c’est pour la variété des activités à acheter que la location devient plus intéressante et que VrTonRêve fidélise sa clientèle. « Il faut le voir de cette manière : il y a le casque, oui, mais on en a aussi pour 1000 $ en contenu installé dessus. Acheter un seul jeu coûtera déjà 25 à 30 $. Un gamer préférera peut-être se tourner vers l’achat. Mais nous, ce que l’on offre, ça s’adresse à un marché beaucoup plus vaste. »

Une offre à exploiter davantage

Bien qu’il y ait aussi un début de proposition pour les utilisateurs plus créatifs ou posés, qui préféreront se tenir loin des zombies, de la violence et du vertige, elle gagnerait à être développée davantage sur Oculus. Il faut alors se contenter des quelques applications offertes, comme Kingspray Graffiti, qui vous permet de vous mettre dans la peau d’un graffiteur et de vous servir d’une panoplie de bonbonnes pour faire votre création au sein d’un environnement urbain au réalisme déroutant. L’exploration du monde, avec Wander ou National Geographic Explorer, comme si vous étiez dans une version VR de Google Maps, est un autre incontournable.

Aux détracteurs du VR, qui y voient une forme d’aliénation et de déconnexion des choses essentielles, l’équipe de VrTonRêve répond que le VR ne doit pas forcément être considéré comme un substitut, mais plutôt comme l’offre de nouvelles possibilités, « de choses à faire quand tu n’en as pas. Le VR n’empêche pas de faire les choses dans le réel. Au contraire, il donne envie de les faire pour vrai ». Pour Reasmeil, le VR permet de « connaître l’émerveillement. À quand remonte votre dernier émerveillement? Pour moi, c’est de retourner au Japon, en Argentine, n’importe où de façon instantanée, grâce au VR. Ce n’est pas un moins, c’est un plus », défend-il. C’est aussi dans cette optique, il y a quelques jours, que Mark Zuckerberg a préparé les utilisateurs de Facebook au « métavers », qui permettra d’interagir, de travailler et de se divertir via le casque Oculus, et de franchir une nouvelle étape en faveur de l’assimilation d’un plus grand nombre d’adeptes dans l’autre dimension.

Et vous, où aimeriez-vous vous « téléporter » avec un casque Oculus?