Un pisteur au nez fin

Connaissez-vous les chiens de sang ? Une magnifique bête entraînée pour pister de gros gibiers blessés que les chasseurs ont souvent de la difficulté à récupérer.
Hélène Castonguay et Marco Raymond, originaires de Granby, possèdent Jocker, un rouge de Hanovre âgé de 4 ans et demi. Un chien robuste, la robe rouge-cerf, le corps allongé sur quatre petites pattes, avec une assez longue queue et des oreilles pendantes. Affectueux à souhait, il a rapidement adopté le personnel du Journal de Chambly.
« Les chasseurs d’un peu partout de la Montérégie peuvent appeler l’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec (ACCSQ) pour savoir qui est proche d’eux pour avoir un chien de sang », explique Marco Raymond, qui a eu l’occasion il y a quelques mois d’intervenir avec Jocker afin de retrouver deux chevreuils à Mont-Saint-Hilaire et à Saint-Césaire qui étaient tirés à l’arbalète.
Marco Raymond relate avoir vécu une certaine frustration il y a quatre ans quand il n’a pas pu retrouver un orignal qu’il a abattu : « À l’époque, je savais qu’il y avait des gens qui entraînaient les chiens. J’ai essayé d’en avoir un , mais il n’y en avait pas beaucoup, peut-être trois ou quatre au Québec. »
Une recherche sur Internet l’amène en Allemagne, le pays d’où est originaire le rouge de Hanovre. Selon Wikipédia, la bête trouve ses origines au XIX siècle et elle est un croisement entre les lignées des « anciens limiers-courants » allemands et une race disparue aujourd’hui, le Haidbracke.
Marco Raymond a donc trouvé un éleveur en Allemagne qui a pu lui vendre le chien. Coût total incluant le transport en avion : 5000 $. « Les gens me disent : ‘’C’est cher.’’ Je fais 40 à 50 recherches par an à 100 $ chacune. Ça fait longtemps que mon chien est payé. »
Le couple confie que sa relation avec Jocker « est une histoire d’amour. C’est notre dada, notre passion ».
Aujourd’hui, révèle Marco Raymond, il agit plus à titre de conducteur de chien de sang : « J’aime mieux faire la recherche que guider à l’orignal. » Et comme Jocker aurait une espérance de vie estimée à « 10-12 ans », dans 7 ans, le conducteur devra trouver un autre pisteur, probablement en Allemagne encore, là où il a, dit-il, gardé des contacts.

Le nez au ras le sol

Apparemment, tous les chiens pourraient être entraînés pour détecter les gibiers blessés ou abattus. L’ACCSQ offre des cours pour former et les conducteurs et les chiens, qui sont aujourd’hui de plus en plus nombreux.
« Nous intervenons principalement en Montérégie, lorsqu’on nous appelle. Une fois sur place, illustre Marco Raymond, Jocker commence à courir toujours le nez au ras le sol. Oui, il a du flair et il est capable de détecter l’odeur de la bête, les traces qu’elle laisse en se sauvant. La moyenne pour trouver une bête blessée est d’environ trois à cinq heures. »
En fait, même si par habitude, on nomme ce pisteur « chien de sang », c’est plutôt l’hormone sécrétée par les gros gibiers qui sont stressés qui l’attire.
Marco Raymond assure vouloir sensibiliser les chasseurs quant à l’existence de l’ACCSQ et surtout éviter un double abattage. « Si le chasseur ne trouve pas l’animal, il va tirer un autre », affirme-t-il en plaidant aussi pour que les autorités permettent aux conducteurs de chiens pisteurs de posséder une arme afin « d’abréger les souffrances de l’animal » une fois repéré.