La fierté de Marieville
SAINT-JEAN-BAPTISTE. Le lutteur professionnel Kevin Owens était de passage à Montréal, le 30 avril, dans le cadre de la présentation de Raw. Il s’agissait du premier événement télévisé de la WWE présenté à Montréal, depuis que le lutteur originaire de Marieville a signé un contrat avec l’entreprise américaine, en 2014.
Un texte de Patrick Berger
Pour en connaître davantage sur le parcours d’Owens, les parents du lutteur ont eu la générosité de nous expliquer comment leur garçon est arrivé à gravir les échelons pour l’amener au sommet de la plus grande organisation de lutte au monde.
Comme ses admirateurs le savent, Kevin est tombé en amour avec la lutte après avoir regardé la 11 édition de Wrestlemania, le plus gros gala de l’année de la World Wrestling Entertainment. Alors âgé de 11 ans, il avait loué la vidéocassette avec son père au RadioShack de Marieville.
« Le dimanche, on allait souvent louer des films pour regarder ça en famille. On avait fait le tour et pour faire différent cet après-midi là, on a décidé de prendre une cassette de lutte », nous raconte son père, Terry Steen.
Kevin venait de vivre la journée qui allait changer sa vie. Après avoir acheté une multitude d’enregistrements de lutte et placardé sa chambre d’affiches de son lutteur favori, Shawn Michaels, un autre événement allait changer son destin : le Festival du maïs de Saint-Damase, situé à 20 minutes de la résidence familiale de Marieville.
« Nous sommes allés nous promener lors de ce festival à Saint-Damase quand mon fils avait 14 ans. Kevin a vu qu’il y avait une annonce affichée sur un babillard pour s’inscrire à une école de lutte et il m’a demandé d’y aller. Je trouvais qu’il était jeune pour commencer ça, mais il m’a supplié à plusieurs reprises pour y prendre part. En fin de compte, son père et moi on a décidé de le soutenir et de lui donner l’opportunité d’y participer », souligne sa mère Suzanne Benoit.
Ses parents l’inscrivent donc à l’école de Serge Jodoin à Saint-Césaire. L’école de Jodoin ferme cependant ses portes quelques semaines plus tard, ce qui oblige Steen à fréquenter celle nouvellement ouverte de Jacques Rougeau. Il fera son premier combat à 16 ans, en 2000 à l’Assomption, le jour de son anniversaire.
Après cette première expérience, Kevin Steen, son nom à la naissance, a commencé à s’entraîner plus sérieusement et l’idée d’atteindre le plus haut sommet de ce sport faisait partie de ses pensées au quotidien.
De Marieville au Japon
Pendant presque 15 ans, de 2000 à 2014, Kevin Steen peaufinera son art sur les circuits indépendants, en commençant par le Québec et Montréal. Cette période de sa vie l’amènera à parcourir plusieurs pays à travers l’Amérique, l’Europe, l’Océanie et l’Asie. La lutte étant un sport relativement populaire au Japon, Kevin ne manquait jamais une opportunité de parler de la ville où il a grandi.
« Mon fils est très fier de ses origines. Partout où il passait sur un ring, il disait haut et fort qu’il venait de Marieville, pas Montréal, MARIEVILLE. Même au Japon, malgré la barrière linguistique, il parlait de son patelin. Ça devait sonner bizarre aux oreilles des Japonais, mais ça ne l’arrêtait pas ! », nous dit M. Steen.
Alors qu’il était champion de la NXT, la filiale de développement de la WWE, Owens aura sa chance plus rapidement que prévu. Normalement, les lutteurs doivent attendre de deux à trois ans avant de passer du club-école au circuit majeur. Kevin a fait le saut après six mois seulement.
Son combat contre John Cena
Le 31 mai 2015, lors de l’événement Elimination Chamber, il effectuera son passage dans le grand circuit. Pas contre n’importe qui : le champion des États-Unis de la WWE à cette époque, le très populaire John Cena. Ironiquement, Cena est le lutteur favori de son fils, Owen, qui porte ce nom en l’honneur du défunt lutteur canadien Owen Hart. Contre toute attente, le Marievillois a gagné le combat et ravi la ceinture à Cena. Encore à ce jour, c’est le combat le plus important de sa carrière.
« Quand j’ai su qu’il affrontait John Cena, c’était le meilleur début de carrière que l’on pouvait lui souhaiter. Mais quand Triple H, de son vrai nom Paul Lévesque, lui a remis la ceinture de champion, je n’en revenais pas ! J’ai encore des frissons quand je pense à ça », mentionne M. Steen.
Malgré une défaite lundi dernier au Centre Bell, Owens aura reçu l’accueil le plus chaleureux de sa carrière devant près de 15 000 spectateurs.