De l’activité physique au centre de femmes Ainsi soit-elle

À Chambly, l’organisme Ainsi soit-elle propose des cours de yoga et des ateliers de mouvements exploratoires à ses membres. L’équipe nous explique comment cette offre d’activités physiques correspond à la mission d’un centre de femmes. 

Dans une société accordant beaucoup de valeur à la productivité et à la performance, le fait de prendre son temps et d’être réellement à l’écoute de son corps semble contre-intuitif. Les intervenantes ainsi que les membres du centre de femmes témoignent des maux que peut occasionner ce phénomène social.

« Notre corps, c’est notre maison, notre véhicule. Il faut entretenir son véhicule. Ce n’est pas pour rien que les gens sont anxieux. On veut être comme des machines. Même les machines, on prend le temps de faire leurs changements d’huile. Parfois, on prend plus soin de notre voiture que de nous autres mêmes », atteste Krystiane Hamel, une Chamblyenne fréquentant le centre qui a décidé de redonner à sa communauté en offrant des ateliers de mouvements exploratoires à Ainsi soit-elle.

« L’activité physique, ça réduit l’anxiété. Tout ce que l’on a vécu dans notre vie est collé dans notre corps. Nos stress, nos traumatismes, nos peurs : c’est pris dans notre corps. Ces méthodes-là permettent de libérer des tensions et des tristesses accumulées », soutient Josée Daigle, la directrice de l’organisme.

La mission

« La mission du centre de femmes est très large. En gros, c’est l’amélioration des conditions de vie des femmes en suivant nos grands thèmes généraux, qui sont les violences faites aux femmes, la pauvreté et l’appauvrissement des femmes et la santé. Alors, quand on fait nos programmations, c’est toujours autour de ces trois axes-là. »

Mme Daigle poursuit en nous mentionnant la volonté du centre d’aller au-delà du besoin initial : « L’être humain a des besoins qui sont tous rattachés. On ne peut pas traiter le mental sans se soucier du physique. Quand une femme arrive ici avec un besoin, on veut comprendre le contexte [et offrir] des services diversifiés [qui s’adaptent à une clientèle tout autant diversifiée]. »

Yoga

Des sessions de yoga de huit semaines sont offertes au coût de 30 $ par le centre de femmes Ainsi soit-elle, grâce à une collaboration avec le studio Kalyan à Chambly. Au moment des inscriptions lors des portes ouvertes de l’organisme, les places se réservent en un rien de temps, révèlent les travailleuses du centre. « C’est une activité pour laquelle il y a un très fort engouement chez nos membres », souligne Mme Daigle.

La directrice de l’organisme poursuit en témoignant de la reconnaissance des membres qui s’inscrivent aux cours : « Certaines n’auraient pas les moyens de suivre des cours de yoga. C’est une activité qui peut être très dispendieuse. »

Selon elle, il s’agit aussi d’un moyen d’accorder aux femmes un moment pour prendre soin d’elles-mêmes en décrochant de leurs préoccupations quotidiennes. « Les femmes, on est habituées à donner sans s’attendre à recevoir. Faut casser ça. [Ces moments-là], ce sont des occasions de se retrouver dans son corps et dans le moment présent. Quand est-ce que tu te donnes la permission de faire ça? Au niveau émotif, mental et physique, ça crée un bien incroyable pour les femmes. »

Elle nomme Mme Hamel comme exemple : « Elle est vraiment extraordinaire, cette femme-là. Elle voulait offrir ses cours [de mouvements exploratoires] bénévolement. » En conformité avec les valeurs du centre, une compensation financière lui est quand même accordée pour soutenir la tenue de son atelier.

Mon corps, ma boussole

Le cours de mouvements exploratoires de la Chamblyenne Krystiane Hamel, Mon corps, ma boussole, était offert au centre de femmes Ainsi-soit-elle à Chambly pour la période automnale. C’était la première session de cet atelier. Elle considère reconduire le service au printemps prochain en raison de la réponse positive avec laquelle l’activité est rencontrée.

Avec son expérience de 33 ans en tant que spécialiste en orientation et mobilité pour les personnes souffrant d’une déficience visuelle, et avec ses nombreuses formations sur le sujet, Krystiane Hamel est sensible depuis longtemps aux bienfaits d’une bonne conscience corporelle. Elle nous explique que pour la plupart des gens, les mouvements font rarement preuve d’autant d’attention, faisant en sorte que plusieurs besoins du corps sont souvent ignorés.

À la suite d’un atelier où les femmes du centre étaient invitées à échanger sur le vieillissement du corps, Mme Hamel constate un besoin : déconstruire la conception négative que la gent féminine associe au fait de vieillir. « Les femmes, on est souvent encouragées à voir le corps comme un extérieur qui doit être esthétique », remarque-t-elle. « Ça m’a touchée beaucoup, le fait que ce que les femmes retenaient de leur corps, ce sont leurs rides et leurs bobos en vieillissant. Mais ce n’est pas juste l’extérieur, le corps, c’est comment on se sent. »

Bouger son corps de façon consciente en s’accordant le droit d’être à son écoute permet aux femmes de célébrer leurs fonctions corporelles tout en respectant leurs limites. « Le corps nous envoie toujours des signaux, mais on n’a pas appris à les écouter. Il faut en prendre conscience », conclut Mme Hamel.