Valoriser l’autonomie alimentaire

Si les agriculteurs et les producteurs locaux ont dû s’armer de résilience pour faire face aux défis climatiques et pandémiques, les consommateurs, eux, ont pris conscience de l’importance de valoriser l’autonomie alimentaire et la relève agricole.

Paniqués par une éventuelle perturbation de la chaîne d’approvisionnement, les consommateurs ont modifié leurs habitudes en achetant davantage de lait, par exemple, depuis la crise sanitaire. À défaut de compenser les pertes occasionnées par la fermeture des lieux de restauration, cela a tout de même encouragé les producteurs.

« Au mois de juin, on a eu la possibilité de produire plus de lait. On avait peur que le retour vers la normale affecte les habitudes favorables des consommateurs, mais la consommation était au rendez-vous. Les gens achetaient les produits », a relaté au printemps Christine Aubin, productrice laitière de la ferme Daignault à Saint-Mathias-sur-Richelieu, également administratrice du Syndicat des agricultrices de Rouville et deuxième vice-présidente des agricultrices de la Montérégie-Est. « Si la production allait bien au printemps, c’est une toute autre histoire maintenant », d’observer tout de même aujourd’hui la productrice laitière. « Depuis, on nous a coupé les journées additionnelles d’automne et on a baissé le prix du lait. »

« (…) les citoyens ont réalisé, au cours des derniers mois, à quel point l’agriculture et le secteur agro-alimentaire étaient importants au Canada. » – Marcel Groleau

Une population plus sensibilisée

Au printemps dernier, Mme Aubin constatait également un intérêt marqué pour l’actualité des producteurs agricoles. « Il y a davantage de discussions autour de nous, notamment sur le Web. Nous sommes plus suivis sur les réseaux sociaux et les gens s’intéressent à ce que nous faisons. »

Ailleurs sur le territoire, à la ferme pédagogique Guyon de Chambly, on permet aux familles et aux jeunes générations de voir des animaux de près pour sensibiliser les visiteurs à l’importance de l’autonomie alimentaire et les éduquer sur la provenance des produits qui se retrouvent dans leurs assiettes. En entrevue avec le journal, une employée de la ferme avait également confié être interpellée par le conflit de travail à l’abattoir d’Exceldor, qui menait au gaspillage de 13 % de la production de poulet au Québec. « C’est sûr que ça nous affecte et nous sommes sensibles à cette réalité. C’est pourquoi nous voulons sensibiliser les gens aux enjeux de la production agroalimentaire. »

Une relance économique

Quant au président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, il espère que les enjeux agricoles et forestiers seront de la discussion au cours de la campagne électorale qui est lancée. « L’agriculture a traversé la pandémie avec certaines difficultés, comme tous les autres secteurs, mais étant un service et un besoin essentiels, les citoyens ont réalisé, au cours des derniers mois, à quel point l’agriculture et le secteur agro-alimentaire étaient importants au Canada. J’espère que cette révélation pour certains aura une influence lors de la campagne électorale et qu’elle fera en sorte que les candidats s’engagent à mieux soutenir l’agriculture du canada et à mieux assurer notre sécurité alimentaire. » Il évoque le besoin, pour les producteurs, de bénéficier de programmes de gestion de risque « mieux adaptés à la réalité d’aujourd’hui, à la volatilité des prix des marchés, aux guerres géopolitiques auxquelles on a assisté dans les derniers mois et années, et au changement climatique ».