Une légalisation qui se fait attendre

SANTÉ. L’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau et son projet de légaliser la marijuana ont déjà des effets sur les activités de la boutique Mad Hatter’s, à Chambly, où la clientèle pour le pot thérapeutique ne cesse d’augmenter.

Le propriétaire de la boutique, Steve Nicole, vend depuis plus de deux ans des accessoires reliés à la consommation de pot, et ne se cache pas non plus d’en fumer à des fins thérapeutiques pour combattre son anxiété et son arthrite.

Depuis l’ouverture de sa boutique il y a deux ans, le gérant compte 34 utilisateurs de cannabis médicinal parmi ses clients. Il espère voir l’accessibilité au cannabis médicinal facilitée, particulièrement au Québec.

«C’est un médicament que beaucoup de monde utilise déjà illégalement, et qui devrait être en accès libre, avec des aides pour apprendre à bien le choisir et à mieux l’utiliser», croit-il.

Le Québec en retard

S’il se montre satisfait de l’ouverture, il y a un an, de Santé cannabis, la première clinique de pot thérapeutique au Québec, Steve Nicole ne mâche pas ses mots en évoquant le retard du Québec.

«C’est notre seule clinique au Québec. Il faut y aller tous les trois mois, faire partie de l’étude québécoise pour le cannabis et être enregistré comme utilisateur, ce que je trouve inconstitutionnel.»

Pour contourner la difficulté, Steve Nicole réfère ses clients à la recherche d’un médecin à des ressources médicales pro-cannabis, le plus souvent en Ontario ou en Colombie-Britannique (plus de détails ici).

Muni de son dossier médical, de son diagnostic et de la preuve de la conduite de plusieurs essais de traitements, le patient rencontre via Skype un médecin qui, après étude du dossier, délivrera ou non une ordonnance de marijuana.

«Avec Santé cannabis, il y a deux à trois mois de délai avant de rencontrer un médecin, ça n’aide pas les personnes qui en ont vraiment besoin, explique-t-il. En Ontario, le patient obtient un rendez-vous en deux semaines.»

Les médecins plus frileux

Selon Santé Canada, on comptait un peu plus de 30 000 clients pour l’usage de la marijuana médicale en septembre 2015. Peu de gens au Québec ont l’autorisation de posséder du cannabis à des fins médicales. En 2013, on en comptait 1120.

Ne s’agissant pas d’un traitement reconnu, l’ordonnance de cannabis médical doit être faite seulement dans le cadre de recherche, selon le Collège des médecins du Québec

Le Collège estime qu’il lui manque encore plusieurs données scientifiques pour connaître le dosage précis nécessaire à chaque patient. La qualité du produit peut aussi varier en fonction du distributeur. Les médecins qui souhaitent prescrire le pot médical doivent donc mettre à contribution leur expérience pour permettre de faire avancer les recherches.  

Données sur le marché : Usage de la marijuana à des fins médicales

Règlement sur la marijuana à des fins médicales – Données sur le marché

Du 1er juillet 2015 au 30 septembre 2015

Volumes de marijuana à des fins médicales vendus à des clients au cours du trimestre (kilogrammes)

1 873

Volumes de marijuana à des fins médicales produits au cours du trimestre (kilogrammes)

2 142

Volumes de marijuana à des fins médicales dans l’inventaire des producteurs autorisés à la fin du trimestre (kilogrammes)

7 312

Volume moyen de marijuana à des fins médicales autorisé par client (grammes/jour)

3.0

Volume moyen de marijuana à des fins médicales par commande de client (grammes/jour)

1.1

Nombre total de clients inscrits à la fin du trimestre

30 537

(Source: Santé Canada)

Avec la collaboration d’Annabelle Baillargeon.