Une évolution impressionnante pour Unibroue

ESSOR. La brasserie Unibroue a évolué de façon considérable depuis sa création au début des années 1990. Au fil de son parcours, l’entreprise de Chambly a su rester fidèle à ses origines et conserver la qualité de ses bières.

C’est il y a plus de 20 ans qu’a commencé l’histoire d’Unibroue. À l’époque, son fondateur André Dion était le président de Rona. En raison de son expertise, les petits brasseurs, qui avaient de la difficulté à distribuer leurs bières puisque les grands brasseurs détenaient la majorité du marché, se sont tournés vers lui pour obtenir des conseils.

Il a dès lors constaté le potentiel du marché des bières artisanales. «Il y avait 1,6 M$ de bières consommées. C’était plus que l’industrie de la quincaillerie», raconte-t-il.

Il propose aux petits brasseurs de s’associer sous le nom d’Unibroue. Toutefois, en raison des tailles variables des microbrasseries, l’association ne fonctionne pas. M. Dion décide donc d’ouvrir sa brasserie, mais il ne peut pas obtenir de permis. Il a donc eu l’idée d’acquérir en 1991 La Brasserie Massawippi, une microbrasserie de Lennoxville en difficulté financière. Celle-ci fusionne peu de temps après avec Unibroue.

En 1992, la brasserie s’associe à un brasseur belge spécialisé et lance la Blanche de Chambly, la première bière blanche refermentée (méthode champenoise) en Amérique du Nord. C’est l’année suivante qu’Unibroue déménage à Chambly et démarre son réseau de distribution au Québec et dans l’ensemble du Canada. Peu de temps après, l’entreprise entame l’exportation aux États-Unis et en Europe.

Entre 1995 et 1997, la compagnie investit 8,2 M$ pour agrandir ses installations. Sa capacité de production passe alors de 30 000 à 180 000 hectolitres. Toutefois, dans les années suivantes, Unibroue rencontre des difficultés aux États-Unis.

«Les prix étaient trop élevés pour réussir à vendre la quantité voulue aux États-Unis. Le gouvernement américain ne voulait pas réduire les droits d’accise des brasseurs canadiens, car le Canada ne diminuait pas non plus ceux pour les brasseurs américains», explique André Dion.

Les ventes aux grands brasseurs

Finalement, incapable de se développer davantage, la compagnie est vendue 36,5 M$ au brasseur ontarien Sleeman en 2004. Seulement, un an après les droits d’accise sont réduits aux États-Unis.

Comme l’indique le maître brasseur d’Unibroue, Jerry Vietz, la problématique ayant mené à la vente ne se  limitait pas aux États-Unis. «Unibroue devenait dérangeante pour les grands brasseurs, car par sa progression, l’industrie se situait entre les petits et les grands brasseurs. Ça jouait des coudes, car Unibroue volait des parts de marché aux grands brasseurs», affirme-t-il.

Deux ans plus tard, dans la vague de la fusion des grands brasseurs, Sapporo International, la plus vieille brasserie commerciale japonaise, fait l’acquisition de Sleeman Unibroue pour 400 M$.

Les deux ventes ne réjouissent pas les consommateurs qui craignent des modifications majeures. Toutefois, selon M. Vietz, celles-ci ont été bénéfiques pour l’entreprise. «Les gens avaient peur que les produits changent avec les ventes, mais elles ont engendré des investissements qui ont permis de maintenir une constance dans la qualité des bières», déclare-t-il.

Des sommes de 2 M$ par année sont investies depuis la transition ce qui permet d’augmenter la capacité de production, la qualité des produits et la sécurité des employés. La plus récente acquisition est celle d’un fermenteur de 1000 hectolitres d’une valeur de 1 M$ en 2014.

De plus, Unibroue continue de gagner de 20 à 25 médailles par année dans des concours de renommée internationale. À ce jour, la brasserie a obtenu 283 médailles. À elle seule seule, la bière La Fin du monde a remporté 47 médailles depuis sa création en 1994 et est donc la bière canadienne la plus médaillée.