Toutes les garderies passées au peigne fin
GARDERIES. Les garderies et les centres de la petite enfance (CPE) ont été scrutés au peigne fin ces quatre dernières années lors des inspections de contrôle effectuées par le ministère de la Famille, qui vérifie plus de 200 éléments lors de ses visites.
Selon les données obtenues auprès du ministère de la Famille et analysées par TC Media, les manquements les plus courants sont ceux liés aux médicaments (date de péremption dépassée, administration sans autorisation des parents) et les carences liées aux produits toxiques (lieu d’entreposage non verrouillé et à la portée des enfants).
Quatorze garderies qui se trouvent sur le territoire du Journal ont été inspectées depuis 2010. De celles-ci, la garderie Les Petits Pieds de Saint-Mathias compte 65 manquements à son dossier, ce qui fait d’elle la plus punie de la région. L’établissement fait également l’objet d’un nombre record de 14 inspections.
Les motifs les ayant justifiées varient entre le renouvellement de permis, la vérification de certains éléments et le traitement de plaintes.
« Il n’y a pas de quoi être fier. Ça fait à peine deux mois que je suis ici, on m’a confié ce mandat et je le prends à cœur. J’ai fait tout un listing pour m’assurer que le rouage soit bon et que tout soit conforme. J’ai une équipe d’éducatrices très proactives qui veulent qu’on performe.
Je les ai avisées que je ne veux plus en avoir [de manquements] et on travaille toutes dans le même sens », a commenté Sylvie Lavertu, coordonnatrice de la garderie Les Petits Pieds.
Deux fois à cet endroit, il manquait l’Attestation d’absence d’empêchement pour une personne qui collabore avec la garderie. Il s’agit d’un document qui assure que les antécédents criminels et judiciaires du personnel ont été vérifiés. Ces vérifications doivent être renouvelées aux trois ans.
Mme Lavertu prend cette problématique au sérieux et assure qu’elle a répertorié toutes les attestations de son personnel et s’est assuré que tout était conforme.
Après l’entrevue téléphonique effectuée avec la coordonnatrice, le propriétaire de la garderie Les Petits Pieds, Henry Xiao, a contacté le Journal pour en interdire la publication, menaçant d’entreprendre des démarches judiciaires contre le Journal si elle était rapportée.
Manque de nuance
Le CPE Les Frimousses du Fort à Chambly a commis 31 manquements depuis 2010, dont 7 sont liés aux produits d’entretien et aux produits toxiques.
En 2010, les inspecteurs ont signalé des manquements stipulant que les produits d’entretien ou toxiques n’étaient pas clairement étiquetés. Lors des visites en 2010 et en 2013, des manquements avaient également été constatés, car ces produits n’étaient pas tenus sous clé et qu’ils étaient entreposés dans un espace de rangement à la portée des enfants.
La directrice du CPE Les Frimousses du Fort Sylvie Filteau regrette toutefois que le ministère ne précise pas la nature des manquements qu’il publie sur son site.
« Nous avons déjà eu un manquement puisque nous avions rangé du savon à vaisselle dans une armoire barrée sous l’évier. Même si elle était verrouillée, l’inspecteur a noté un manquement, puisque le produit se trouvait dans une armoire à la portée des enfants. Le règlement ne permet pas cette nuance », illustre-t-elle.
Le ministère indique seulement la règle sur son site. On peut donc y lire que « le prestataire de services de garde ne s’est pas assuré que les produits d’entretien et les produits toxiques soient entreposés dans un espace de rangement réservé à cette fin et hors de la portée des enfants. »
La directrice générale et propriétaire des garderies Angelus et L’Ange Rumiel à Marieville, Renée Houle, obtient la meilleure moyenne, ne comptant respectivement que cinq et 22 manquements pour chacune de ses deux installations.
« Ils (les inspecteurs) ont un barème très large. Par exemple, une éducatrice a rangé une de ses crèmes dans la pharmacie barrée, mais elle a oublié de l’identifier à son nom. Ça f a i t l ’objet d’un manquement » , mentionne-t-elle.
Si ces chiffres semblent à première vue troublants, l’Association québécoise des CPE (AQCPE) soutient que le site du ministère dresse un portrait alarmiste de la situation.
Selon l’AQCPE, le même libellé est utilisé que ce soit pour le « non-respect d’une prescription ou un pot de vaseline qui n’est pas placé sur la bonne étagère ».
Des inspections maison
Même si les inspecteurs ne passent pas systématiquement chaque année dans les garderies, toutes celles contactées par le Journal assurent effectuer des vérifications chaque mois pour s’assurer de répondre aux normes demandées.
Renée Houle de l’Angelus et de L’Ange Rumiel de Marieville affirme demander à ses employés d’inspecter leur local une fois par mois, en plus de faire une inspection complète du service de garde à tour de rôle afin d’éviter d’avoir des manquements.
La directrice de la garderie Pierrot et Pierrette à Chambly Julie Poulin voit les inspections du ministère d’un bon oeil. Si l’établissement compte 41 manquements depuis 2010, la majorité de ces derniers ont été donnés lors d’une inspection après un changement de propriétaire. Mme Poulin considère donc que cette vérification a permis à la garderie de s’adapter et de se remettre à niveaux.