Terres agricoles versus pétrole

Projet Oléoduc Énergie Est : un tuyau d’un mètre de diamètre, de 4 500 km de long traversant le Québec sur 700 kilomètres. Un transit d’un 1 100 000 barils de pétrole lourd… par jour. Or, ces quantités faramineuses de pétrole se déplaceraient, entre autre

Un texte de Lise Perreault

Advenant la concrétisation de cette construction qui se ferait aux trois quarts sur nos terres nourricières, qu’en serait-il de la pratique agricole? Sachant qu’une terre productive nécessite un excellent drainage, comment installer les drains sous les terres traversées par un pipeline? Passer rapidement au-dessus du tuyau avec les lourdes machines agricoles comporte un risque de bris non négligeable, afin d’éviter ces bris aux conséquences désastreuses, les agriculteurs perdraient temps et argent en manœuvres adaptées ou détours lors des opérations de labourage et de récoltes. Ou encore, la luzerne, fourrage destiné aux vaches laitières, ne pourrait plus être cultivée au-dessus des pipelines en vertu de la loi C-46, laquelle proscrit toute activité au-dessus d’un pipeline pouvant affecter ou remuer le sol à une profondeur de 45 centimètres. Or, les racines de la luzerne peuvent atteindre 300 centimètres de profondeur. Exclues sur-le-champ au-dessus du pipeline luzerne et autres cultures pourvues d’un système racinaire trop vigoureux!

Une importante menace légale planerait sur les agriculteurs en termes de responsabilité. Complications, risques auparavant inexistants occasionneraient vraisemblablement des frais additionnels qui, logiquement, gonfleraient le coût de la nourriture. Au fait, combien vaudrait une terre agricole entravée par un pipeline?  Advenant une fuite de pétrole, qu’en serait-il des assurances? Certification biologique réduite à néant en cas de déversement et, en cas de vente, qui rêve d’acheter une terre sous laquelle transite le pétrole?

Quoiqu’il en soit, selon une liste non exhaustive, des résolutions contre le projet Énergie Est ont été prises par 23 municipalités, trois MRC totalisant 52 municipalités plus la Communauté métropolitaine de Montréal, soit 82 municipalités dont Chambly, Saint-Mathias, Carignan, Richelieu…, 16 organisations sont contre, incluant l’Union des producteurs agricoles. Au cœur des innombrables points litigieux que soulève ce projet, nous sommes sans doute nombreux à penser que la contamination de nos terres nous laisserait bien démunis, et que si le pétrole est utile, manger est vital.