Se renouveler tout en répondant à une demande qui n'a jamais décru

Terminée l’image d’un sous-sol d’église ou d’un mouroir. Plus de 30 ans après son ouverture, la Maison d’hébergement Simonne-Monet-Chartrand pour les femmes victimes de violence veut sortir du misérabilisme et devenir une génératrice d’espoir.

Déjà, de nouveaux règlements généraux ont été adoptés en février dernier. Aussi, une journée de rénovation et de décoration, organisée grâce à de nombreux partenaires et bénévoles l’automne dernier, a permis à la maison d’être un peu plus au goût du jour.

«On veut que les femmes se sentent bien ici, et qu’elles y retrouvent leur dignité, explique Hélène Langevin, à la tête de l’organisme depuis trois ans. On n’est pas un hôpital psychiatrique. Ça prenait de la peinture neuve et de la lumière !»

Changement de culture

Le changement de direction, en 2013, a amené une nouvelle mentalité dans la maison qui accueille une centaine de femmes et une cinquantaine d’enfants chaque année. Les rencontres de suivi, par exemple, sont beaucoup plus informelles et peuvent se faire en allant au parc ou encore en cuisinant.

À la maison, il n’y a pas de définition du succès. Chaque femme évolue à son rythme et l’objectif est de développer des liens à travers de petits gestes. «Chaque victoire est différente, explique Roxanne, intervenante. On veut redonner aux femmes le pouvoir et le potentiel sur leur vie.»

Selon Mme Langevin, l’organisme se doit de se démarquer par une gestion financière serrée, mais aussi par une remise en question constante des pratiques. Caroline, qui travaille pour l’organisme depuis 18 ans, croit que plusieurs ressources d’hébergement tentent de faire le même virage, mais la Maison Simonne-Monet-Chartrand est avant-gardiste.

«La demande est toujours élevée, mais les problématiques sont différentes. Je dirais qu’aujourd’hui les femmes quittent leur conjoint plus tôt et sont davantage victimes de violence psychologique que physique, observe-t-elle. Avec l’arrivée des médias sociaux, le harcèlement est beaucoup plus important.»

Un nouveau syndicat

L’an dernier, après de nombreux départs, les employées ont senti le besoin de se mobiliser et de former un syndicat pour protéger leurs conditions de travail.

«Au fond, se mobiliser, c’est ce qu’on demande aux femmes qui viennent ici. C’était important pour les intervenantes de faire de même», explique Geneviève, intervenante jeunesse et responsable du comité syndicat local.

La direction et le syndicat sont présentement en négociation d’une première convention collective.