Protection des milieux humides de l’Ile Goyer

Quelles sont les vraies motivations du conseil de ville de Carignan quand il veut donner un statut de protection totale aux milieux humides de l’Ile Goyer dans son Plan d’urbanisme? Syndrome du «pas dans ma cour» de certains élus ou courage politique d’un

Un ancien méandre de la rivière l’Acadie traverse l’Ile Goyer du nord au sud et a pris le nom de «chenal des Amarantes» avec le temps. Dans son sillage, une grande variété d’habitats peuplés d’arbres feuillus, souvent les pieds dans l’eau. Autrefois, on aurait dit une «swamp».

Aujourd’hui, on connaît mieux notre environnement. On sait que les milieux humides nous rendent des services énormes, notamment en atténuant la portée des inondations. L’Ile Goyer est le point de rencontre de la rivière Richelieu et de la rivière l’Acadie. Lors des crues saisonnières, ce secteur hautement vulnérable bénéficie grandement de la présence de ces marécages capables d’emmagasiner de grandes quantités d’eau.

Dorénavant, des firmes spécialisées établissent des Plans de conservation AVANT de développer à l’aveuglette dans des zones qui peuvent se révéler problématiques ou digne de conservation. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) impose des analyses détaillées aux développeurs pour éviter la perturbation des zones qui comportent des milieux humides.

Qu’en est-il pour l’Ile Goyer? La compagnie 3093-3378 Québec Inc. possède 31 hectares au centre de l’Ile Goyer. Dans le cadre de l’analyse du Plan de conservation des milieux naturels de Carignan, le MDDELCC demandait à la Ville de procéder à une caractérisation du centre de l’île, afin de considérer l’inclure dans les zones prioritaires à conserver. Le mandat confié à la firme WSP révèle, en résumé, qu’environ 68% du terrain est composé de milieux humides à haute valeur écologique dispersés sur l’ensemble de l’île. Pour déterminer l’espace où de la construction serait possible, il faut encore soustraire les zones inondables et les bandes riveraines à protéger. Le solde: de très petites parcelles enclavées ne justifiant pas les investissements requis pour y amener rues et services.

Un promoteur a le devoir de bien connaître la nature des terrains qu’il acquiert. En 2010, la dernière tentative de Monsieur Ashok Soni d’obtenir un certificat d’autorisation du MDDELCC pour destruction de milieux humides n’a pas donné de résultats. Le MDDELCC nous a confirmé cette semaine qu’il n’a donné son appui à aucun projet pour l’Ile Goyer récemment.

Aux élections de novembre 2013, la population a largement choisi l’équipe Avantage Citoyens de René Fournier parce qu’un changement d’attitude était nécessaire dans le difficile arbitrage entre conservation et développement. La protection des milieux humides du centre de l’Ile Goyer est une preuve concrète que les choses ont bel et bien changé.

Lorraine Moquin

Conseillère municipale du secteur des Iles Goyer et Demers