Oyez, oyez, braves gens! Gaz de schiste: expropriation en sus!

Le jeu n’en valait pas la chandelle. Le deuxième rapport du BAPE entraîna une réjouissante nouvelle: l’abandon de toutes tentatives d’exploitation du gaz de schiste. C’était en 2014.

Un texte de Lise Perreault

On ose récidiver avec cette exploitation, lui ouvrant la grande porte avec le projet de loi 106!  Pourtant les dangers, risques et inquiétudes liés au gaz de schiste n’ont pas changé.  Invariables aussi les techniques pour tenter, encore, de nous faire avaler la pilule.  Tenter de faire reluire l’aspect économique dénué de brillant, minimiser les risques, oser cela, quand on sait maintenant que les centaines de tremblements de terre qui ont secoué l’Oklahoma en 2015 seraient imputables à l’activité pétrolière/gazière.

Adoucir les mots.  En 2010, les têtes de puits s’appelaient joliment «arbres de Noël», en 2016, la fracturation, mot fort impopulaire, s’appellera «complétion»; terme obscur désignant la stimulation physique, chimique d’un forage gazier et pétrolier.  Autres mots à proscrire: gazoduc, oléoduc; antipathiques aussi terres agricoles amputées, boisés et pans de forêts arrachés pour installer cette industrie.  Effet rejet assuré: la noria de camions mastodontes aux portes des maisons.  Tintamarre et pollution garantis par ces cortèges ultra-polluants charriant des fluides toxiques, de l’eau destinée à être injectée dans le sous-sol, souillée, exclue du cycle hydrologique.  Qu’importe les termes utilisés: la roche est fracturée et une fissure de 1/10 de millimètre suffit au gaz pour s’échapper.  Profondément enfouies sous terre, les structures humaines se dégraderont tôt ou tard, laissant le méthane (vingt fois plus réactif que le CO²) migrer en surface, croiser au passage les nappes phréatiques.

Un véritable recul.  Remise à l’ordre du jour l’expropriation déjà inscrite dans l’archaïque Loi sur les mines.  D’ici octobre, on prévoit adopter le projet de loi 106 qui faciliterait le processus d’expropriation… Expropriés pour aller où?  Où irons-nous dans un Québec contaminé à plat ventre pour gaz et pétrole?  C’est l’alerte rouge.  Participons aux assemblées municipales, avec nos élus, exigeons l’entière protection de l’eau.  Une réelle protection de l’eau exclut l’exploitation.  L’eau, ce doit être zéro compromis.  Nous restons chez nous, pas expropriés.  Nous buvons notre eau.  Nous avons au Québec l’une des meilleures eaux potables du globe, c’est notre richesse, garante de vie.  La protéger est une responsabilité universelle.