Le bassin de Chambly, un arrêt de choix pour les outardes

NATURE. Elles passent difficilement inaperçues sur le bassin de Chambly depuis quelques semaines. Plus de 3000 outardes, ou bernaches du Canada, y attendent le dégel pour poursuivre leur migration vers le Nord.

:«Elles ont passé l’hiver sur la côte Est américaine, de la Virginie jusqu’en Caroline du Sud. C’est une espèce qui niche dans l’Arctique, dans la toundra, elle n’est donc que de passage», explique Réal Boulet, membre du club d’ornithologie du Haut-Richelieu et passionné d’oiseaux.

Les bernaches se font particulièrement entendre en vol, après le lever du soleil, et juste avant son coucher. Elles passent le reste du temps sur la glace du bassin, en bordure de l’eau.

«Le matin, et jusque vers midi, elles se déplacent dans les champs, où il y a encore des restants de maïs, pour se nourrir, en plus des racines qu’elles trouvent. Elles se nourrissent à nouveau vers 17h, avant la tombée de la nuit.»

Pas de surpopulation

Interrogé sur le nombre impressionnant de bernaches actuellement présentes sur le bassin, Réal Boulet ne parle pas pour autant de surpopulation.

«Quand elles décident de migrer pour la reproduction, les bernaches s’avancent au Nord au fur et à mesure que les eaux dégèlent, c’est pourquoi il y en a autant», explique-t-il, retraçant leur départ de la côte Est américaine pour le lac Champlain et la remontée de la rivière Richelieu en passant par Saint-Blaise, Saint-Jean et Chambly, où elles sont présentement bloquées.

«Sur la rive Nord de Montréal, dans les Laurentides, il y a eu beaucoup de neige dernièrement, beaucoup de cours d’eau sont encore gelés, elles ne peuvent donc s’y rendre et attendent le dégel ici», poursuit le passionné d’oiseaux, qui mentionne que les bernaches, dont le club d’ornithologie estime le nombre à plusieurs dizaines de milliers dans toute la région, monteront tranquillement vers l’Arctique aussitôt que les eaux seront dégelées.

Pas d’effets néfastes

Si de nombreuses villes telles que Terrebonne et Granby ont adopté des mesures pour faire fuir les bernaches de leur territoire, il n’en va pas de même à Chambly, où la situation géographique est différente. La Ville n’a d’ailleurs reçu aucune plainte pour nuisance de la part de ses citoyens.

«Là où ça pose problème, c’est quand la bernache commence à s’établir dans des petits lacs municipaux à l’intérieur des villes, explique Réal Boulet. Là, ça peut causer un problème de bruit et de concentration de fientes, qui tuent la végétation.»

Le passionné d’oiseaux se veut rassurant quant à la situation du bassin de Chambly. «Il n’y a aucune raison d’avoir des problèmes de pollution dans un bassin aussi naturel, avec un gros courant d’eau. Sinon, il serait pollué depuis 1000 ans.»

Alors qu’elles s’établiront dès le mois de juin de l’extrême Nord du Canada jusqu’à l’Arctique pour établir leurs nids, Réal Boulet attend déjà impatiemment la fin de l’été pour revoir les bernaches sur le bassin de Chambly.

«Elles repartiront pour suivre les même chemin en sens inverse», explique-t-il, ravi de les voir en si grand nombre. C’est signe que la nature reprend sa place.»

Bernaches ou outardes ?

Il s’agit en fait de la même espèce. La bernache du Canada (branta canadensis) est le nom générique de cette oie sauvage, qui est le plus souvent nommée outarde au Québec. Il existe une quarantaine de sous-espèces de bernaches, dont la taille varie de 90 cm à 2 mètres. La formation de son vol en V lors de la migration des bernaches est bien connue. Les premières protègent les suivantes qui dépensent moins d’énergie en vol, car elles profitent des turbulences produites par les ailes de celles en tête. Lorsque les premières sont fatiguées elles s’en vont à l’arrière pour se reposer et d’autres prennent leur place.