La sécurité des aînés

Une résidente de la Résidence La Seigneurie de Chambly se serait fait arnaquer à même son appartement. Des résidents se questionnent quant à leur sécurité dans l’immeuble.

Josée Trudeau, directrice de la résidence privée pour aînés (RPA), dit « ne pas avoir le droit de divulguer » d’informations relativement à la présumée fraude.

« Si les gens ne se sentent pas en sécurité, à ce moment-là, ils doivent déménager. »
– Josée Trudeau

« Je ne peux pas aller dans le détail sur une plainte en particulier, à moins que la personne m’y autorise », établit à son tour Jean-Luc Tremblay, de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent. Il parle donc de façon plus générale du stratagème, bien connu des policiers, dont il est question dans ce cas, la fraude par faux représentants.

Les fraudeurs communiquent par téléphone, avec des aînés principalement, en prétextant être des employés d’institutions financières. Lors de ces appels, ils mentionnent à la personne que des transactions douteuses ont été repérées sur sa carte bancaire. De ce fait, afin de « rassurer » la victime, les fraudeurs mentionnent que la carte sera annulée sur-le-champ et qu’une nouvelle carte lui sera envoyée. Ils demandent toutefois à leur victime de mettre la carte visée dans une enveloppe avec le NIP et de la placer dans la boîte aux lettres afin qu’un représentant vienne la récupérer ou la remettre à un employé de Postes Canada, qui est, dans les faits, un complice. « Pour que l’on en fasse un communiqué/affiche, vous comprendrez que c’est loin d’être des situations qui sont uniques », justifie le sergent.

Josée Trudeau, de son côté, mentionne faire de la sensibilisation relativement aux arnaques, notamment par l’entremise d’affichage à l’interne.

Crainte pour la sécurité

« Cette résidence se dit très sécuritaire, wow!, lance sarcastiquement au journal Fernand Bienvenue, résident à La Seigneurie. Entre qui veut et en sort qui veut. Donc, où est la supposée sécurité? », questionne-t-il.

« C’est une résidence privée et autonome. Si les gens ne se sentent pas en sécurité, à ce moment-là, ils doivent déménager », fait remarquer Josée Trudeau. Elle soutient que la porte d’entrée est barrée et qu’elle est ouverte lorsque des gens se présentent. « Si un résident ouvre la porte, ça se peut que quelqu’un entre et que l’on ne le sache pas. On n’est pas en prison non plus », convient la directrice.

La route des résidences

Le Journal de Chambly a donc pris la route et est allé vérifier s’il était facile d’entrer et de déambuler librement dans les diverses résidences pour aînés. Mercredi dernier, de 10 h 50 à 12 h 05, six lieux ont été visités.

Notre premier arrêt a lieu au RPA Les Jardins du Couvent, pour clientèle semi-autonome, à Marieville. La porte à l’accueil se débarre. Après un « bonjour » échangé à la réception, il devient possible de se rendre aux logements des résidents. Il en va de même au RPA Résidence Bleu et Or, à Richelieu. Là aussi, les habitants y sont semi-autonomes.

Le scénario se répète au RPA Résidence Rivière Richelieu, à Richelieu. Après avoir dit « bonjour » à la fois à la réception et au directeur de l’établissement, il devient possible d’avoir accès aux logements. Ici, les résidents sont autonomes et semi-autonomes.

Au RPA Les Bâtisseurs de Chambly, la réceptionniste et le journaliste échangent les politesses d’usage à l’accueil. Puis, devant l’hésitation du journaliste à savoir dans quelle direction aller, la réceptionniste ajoute un « Est-ce que je peux vous aider? ». Ici aussi, la clientèle est autonome et semi-autonome.

CHSLD

L’arrêt suivant s’effectue au Manoir Soleil, à Chambly. Il s’agit d’un Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) privé. La clientèle en est une en perte d’autonomie. Après avoir franchi une porte barrée, le journaliste circule devant les chambres. De retour sur ses pas, il est intercepté par la directrice des soins. Elle informe le journaliste sur le fonctionnement des lieux et l’invite ensuite à signer le registre à l’entrée. « Vous ne pouvez pas vous promener bien longtemps. Nos gens, on les connaît bien », assure-t-elle. C’est au moment de sortir du bâtiment que les choses se compliquent. « Entrer, c’est facile, mais sortir, c’est une autre histoire », explique la directrice des soins. Elle fait référence aux portes codées. Toutes les portes menant à l’extérieur sont munies d’un mot de passe numérique. Une personne malveillante ne pourrait pas quitter le lieu sans l’intervention du personnel. « Pas de code, vous seriez pris ici », termine-t-elle.

La route se termine au CHSLD Saint-Joseph de Chambly, un centre d’hébergement public. L’installation relève du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre. La majorité de sa clientèle est en perte d’autonomie. Pour y entrer, il faut sonner. C’est la voix du gardien de sécurité de l’hôpital du Haut-Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui se fait entendre en premier lieu, à l’interphone du vestibule. La réceptionniste ouvre ensuite la porte et, debout dans l’embrasure, s’enquiert à son tour du motif de la présence du journaliste dans l’établissement.