La Maison Louise Latraverse

La Maison d’hébergement de deuxième étape de Chambly pour femmes et enfants victimes de violence conjugale portera le nom de Louise Latraverse.

C’est une Louise Latraverse émue qui s’est exprimée avant-hier au Pôle culturel de Chambly alors que Hélène Langevin, directrice de la Maison Simonne-Monet-Chartrand (MSMC), a annoncé la nouvelle à l’auditoire avant de lui céder la parole. « Quand on dit ‘’la Maison Louise Latraverse’’, vous comprendrez que je suis un peu gênée », reconnaît l’actrice chez qui Simonne-Monet-Chartrand a demeuré à une certaine époque de sa vie.

La première pelletée de terre de la maison d’hébergement de deuxième étape de Chambly devrait avoir lieu au printemps 2022. En mai dernier, le travail du conseil municipal avait permis d’assurer un soutien financier d’un peu plus de 700 000 $, incluant les contributions de la Société d’habitation du Québec de la Communauté métropolitaine de Montréal. De ce montant, c’est une aide financière de près de 100 000 $ qui a été accordée directement par la Ville à l’organisme pour la construction de ses logements sociaux. Cette dépense a été financée à même la subvention spéciale COVID-19 reçue du Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. La MRC de La Vallée-du-Richelieu a, quant elle, confirmé dernièrement un engagement similaire de 100 000 $ afin de voir ce projet naître.

« L’amour crisse »

Les mots « L’amour crisse » tels que prononcés par la comédienne Louise Latraverse à l’émission En direct de l’univers le 31 décembre dernier, avait secoué le Québec. C’était la réponse très spontanée qu’elle avait donnée à l’animatrice France Beaudoin après que celle-ci ait demandé à ses invités ce que la COVID-19 ne réussirait pas à leur prendre. Devenu viral, ce slogan avait été repris pour la campagne du même nom et la vente de chandails au profit de la MSMC, que plusieurs vedettes, comme Guylaine Tremblay, ont portés en témoignage de leur solidarité. 2 000 chandails à vendre étaient dans la mire initiale. Quand la campagne de vente a cessé, ce sont plutôt 16 000 chandails qui avaient été vendus, permettant d’investir 190 000 $ pour la construction de la Maison Louise Latraverse.

Maison d’hébergement de deuxième étape

À ne pas confondre avec des centres de crise ou encore des logements définitifs, ces habitations forment la plus récente maille du réseau des services à l’intention des femmes victimes de violence conjugale. Elles sont conçues comme de l’hébergement transitoire, sécuritaire, supervisé et confidentiel.

La sécurité est un besoin essentiel auquel répond une maison d’hébergement de crise et de deuxième étape pour une femme en contexte de post-séparation. Il est entendu par contexte post-séparation le moment où la femme prend la décision de mettre fin à la relation et qu’elle s’inscrit dans une démarche de réorganisation de vie et de reprise de pouvoir. C’est une période où les stratégies de domination et de contrôle de l’ex-conjoint se transforment, se multiplient et perdurent, exposant ainsi la femme et ses enfants à un plus grand risque d’atteinte à leur sécurité (psychologique et physique) pouvant aller jusqu’à l’homicide.

Une maison de deuxième étape est un hébergement à plus long terme qu’une maison d’hébergement; de quelques jours à trois mois pour une maison d’hébergement, comparativement à de trois mois à deux ans pour une maison de deuxième étape.
Selon le Rapport de recherche « impact des services en maison d’hébergement de deuxième étape » 2017, seulement 41 % du besoin provincial en hébergement de deuxième étape est actuellement couvert. Il y aurait donc un manque à combler d’au moins cent logements transitoires au Québec.

Sur le vaste territoire de la Montérégie, il n’y a que trois maisons (19 logements en tout) de deuxième étape pour dix maisons d’hébergement et la MSMC y réfère régulièrement ses utilisatrices. Dans la ville de Chambly, une liste d’attente de près de trois ans dans les HLM et les prix élevés des loyers imposent une relocalisation des femmes avec ou sans enfants dans une municipalité qui n’est pas à proximité de l’école des enfants et qui, pour s’y rendre, requiert l’usage d’un véhicule.

Les services offerts en maison de deuxième étape sont l’hébergement sécuritaire, le soutien psychosocial, les interventions individuelles et de groupe auprès des femmes et des enfants, la démarche de dévictimisation, la démarche d’empowerment, l’accompagnement (démarches sociojudiciaires, médicales, administratives, etc.), les activités de sorties pour briser l’isolement et le suivi post-hébergement.