La communauté répond à l’appel

La Carignanoise Marie-Ève Jalbert fait le pont entre réfugiés ukrainiens et familles d’accueil du territoire.

De premiers Ukrainiens sont désormais devenus Québécois, voire Chamblyens. Entre vie familiale, vie professionnelle et autres engagements, Marie-Ève Jalbert consacre de son temps à la cause ukrainienne. « La cause me tenait à cœur et mon fils de six ans me questionnait énormément sur le sujet », explique d’emblée la mère de famille. Elle avait emmené l’enfant curieux à la place du Canada, lors du quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, où quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées pour exprimer leur soutien. Depuis, la Carignanoise s’implique auprès des arrivants ukrainiens afin de leur trouver de l’hébergement ainsi qu’un emploi. En ce sens, il s’avère qu’elle travaille chez Randstad, agence de placement en milieu professionnel. C’est toutefois de façon personnelle qu’elle le fait, mettant à profit son expérience et son réseau de contacts dans le milieu.

Le gouvernement du Québec a mis en place, à l’aéroport, un kiosque destiné aux Ukrainiens qui arrivent au Québec. Des membres du personnel du gouvernement du Québec et des organismes partenaires y sont présents pour informer sur les services qui sont offerts. C’est par l’entremise d’une employée embauchée par Québec, avec qui elle a fait connaissance, que Marie-Ève Jalbert est mise en contact avec les immigrants ukrainiens. « L’organisme est bien structuré, mais il manque quand même de ressources », considère-t-elle.

« Pour nous, il ne sont pas des invités; ils font partie intégrante de la famille. » – Diane Mailhot

Victoria Kiseleva est arrivée au pays avec son mari et son fils de 14 ans, de Zhytomyr, une ville située à 120 km de Kyiv. « Je n’aurais jamais cru que nous serions aussi sincèrement les bienvenus. Il y a beaucoup de gentillesse, ici, et de gens qui essaient de nous aider », convient l’Ukrainienne. Par l’entremise de Mme Jalbert, ses plans, à court et moyen termes, sont d’apprendre le français et de travailler dès que possible.

Familles d’accueil

Les réseaux sociaux représentent le moyen de communication qu’utilise Marie-Ève Jalbert pour trouver de l’aide. C’est ainsi que Diane Mailhot a croisé sa route. Sous le toit de Mme Mailhot et son conjoint vit désormais la famille de Victoria Kiseleva. « Pour nous, il ne sont pas des invités; ils font partie intégrante de la famille », exprime la femme de Sainte-Julie.

À Chambly, des citoyens ont répondu à l’appel. Émilie St-Antoine, Michaël Vaillancourt et leurs deux enfants accueillent de leur côté une mère ukrainienne et ses deux filles. C’est à travers la demande dispersée sur les réseaux sociaux par Mme Jalbert que la famille désireuse de s’impliquer dans la communauté s’est sentie interpellée. « C’était l’occasion de faire notre part », exprime à l’unisson le couple chamblyen. Après avoir consulté leurs enfants, la motion a été adoptée au conseil de famille. « Ils (les enfants) sont contents et excités », affirme le couple, qui a reçu le journal entre deux coups de pinceau pour revamper l’environnement dans lequel séjournera la famille arrivant de Kryvyi Rih. « On veut qu’ils soient confortables et qu’ils se sentent chez eux », soutient le père de famille. Accompagnés d’une amie qui avait également pris congé pour les aider, Mme St-Antoine et M. Vaillancourt appliquent la couche finale à des travaux qui, autrement, « auraient pris plus de temps » à finaliser, en temps normal, concède le duo, sourire en coin. En guise de geste de bienvenue, la fille du couple a traduit du français à l’ukrainien quelques mots d’hospitalité.

La famille de la Chamblyenne Valérie Bouchard accueille de son côté une Ukrainienne de 30 ans. Son conjoint et elle, alternant entre horaire de jour et de nuit, ont considéré davantage compatible pour eux d’intégrer ce profil de réfugié. « Je suis dépassée par cette guerre, dans laquelle des innocents ne peuvent plus vivre chez eux. Il fallait faire quelque chose », évoque Mme Bouchard. Pour ce faire, elle a reconfiguré une chambre dans laquelle s’entassait notamment le matériel de camping familial. La barrière de la langue sera franchie à l’aide de l’application Sayhi. L’outil technologique permet de converser en deux langues et d’entendre la traduction instantanément.

Un constat positif

« Je constate que les citoyens sont participatifs et qu’ils contribuent. C’est comme une grosse vague d’amour pour ces gens, et pour moi, c’est nourrissant », confie Mme Jalbert, qui, au moment de l’entrevue, arborait un chandail de Wonder Woman, super-héroïne de bande dessinée américaine. « Oui, ça la représente! » affirme et confirme de son côté Diane Mailhot.
Au-delà de l’entraide, les familles d’accueil y voient une expérience humaine et un échange culturel : une ouverture sur l’autre qui durera le temps dont celui-ci aura besoin.