Elle a choisi un «métier d'hommes»
AFFAIRES. Vendre des voitures représente un défi bien plus intéressant pour Stéphanie Ostiguy que son emploi de designer d’intérieur. À 31 ans, elle a sauté le pas et changé radicalement de carrière. Cinq ans plus tard, elle ne regrette pas son choix.
À Richelieu, on ne présente plus les Ostiguy, concessionnaires Ford de père en fils depuis 1946. Stéphanie, représentante de la quatrième génération et aujourd’hui bras droit de son père, baigne dans le monde de l’automobile depuis son plus jeune âge.
«Avec mes cousins et mes frères, on a toujours été autour des voitures. On venait souvent au garage le soir, ou les fins de semaine», se souvient-elle.
Parallèlement à ses études, elle travaille à temps partiel dans l’entreprise de son père, sans y voir pourtant une véritable carrière, contrairement à son frère et ses cousins. «Tous, adolescents, se chicanaient déjà pour avoir une place dans l’entreprise. Je suis restée en dehors de ça, et j’ai décidé de faire autre chose.»
Suivre sa passion
Stéphanie Ostiguy entreprend alors des études de design, pour ne pas suivre le chemin tout tracé. «Je voulais voir si j’étais capable de faire d’autres choses, par moi-même. J’ai bien réussi, mais faire une carrière dans l’automobile restait mon rêve», avoue-t-elle.
À 31 ans, elle saute le pas, pour le plus grand bonheur de son père. «Mon frère et mes cousins avaient décidé de faire autre chose, alors j’ai pris ma chance.»
Marketing, vente, gestion, service à la clientèle, peinture automobile, comptabilité: Stéphanie touche aujourd’hui à tout chez Ostiguy Ford. Elle veut devenir un jour la première propriétaire féminine de l’entreprise. Parce que s’il y a de plus en plus de conseillères de vente féminines, il n’y a «pas encore de propriétaires femmes, malheureusement.»
«Je voulais travailler avec mon père. Je suis chanceuse de pouvoir apprendre de quelqu’un qui veut me pousser vers quelque chose de plus grand», confie-t-elle
Un monde masculin
En tant que femme -et fille du patron- Stéphanie Ostiguy reconnaît avoir dû faire ses preuves. «On pense avoir des passe-droits, alors que c’est tout à fait l’inverse», soutient-elle, expliquant travailler quatre fois plus fort pour prouver ses compétences, et toucher à tout pour avoir le respect de ses collègues et employés.
Si l’arrivée d’une femme au sein de la direction de l’entreprise n’a pas été mal perçue, ni par ses collègues ni par d’autres concessionnaires, il n’en a pas été de même parmi la clientèle.
«Un client m’a déjà dit qu’il préférait faire affaire avec un vendeur masculin, se souvient-elle. C’est devenu un défi pour moi.»
Questions techniques, financement, rien ne lui échappe. «Les clients sont parfois surpris des réponses», s’amuse-t-elle.