Du train où vont les choses

Les rouages s’enclenchent pour hausser le transport du pétrole par voie ferroviaire. On parle du pétrole bitumineux, le lourd, le plus visqueux. Ses huiles épaisses qui s’accrochent à tout ce qu’elles touchent rendent si difficile la déjà problématique dé

Un texte de Lise Perreault

Toujours plus de ce pétrole et sur quels rails! Ballasts grugés par la boue, selles de rails posées sur des traverses à l’état de décomposition, crampons moitié ou carrément arrachés, écrous rouillés plus ou moins fixés à des vis rouillées, tables de roulement fendues, écartelées, jeux de dilatation disjoints, à enlever le goût de voyager par train. L’affligeante dégradation! Système d’aiguillage à mouvement rapide relié par du filage 600 volts, mais rafistolé…! Aïe! S.O.S. Un électricien!

Allons-y donc cahin-caha, les convois de pétrole à proximité des écoles, des garderies… Vingt-deux passages les plus dangereux du Canada sont situés en Montérégie. Mont-Saint-Hilaire est bon troisième de ce triste classement national. L’année 2016 devrait se clôturer à 250 000 barils par jour. On pourrait atteindre jusqu’à 600 000 barils par jour en 2018. Du train où vont les choses, embarquerons-nous vers d’autres Mégantic-dramatique?

Et comment réaliser l’engagement des pays du G7 à réduire de 40 à 70% leurs émissions de GES d’ici 2050 si on presse le citron des énergies fossiles? Et tant qu’à remettre sur ses rails notre réseau ferroviaire, faisons-le pour les voyageurs, pour remédier à la lourdeur croissante de la circulation routière, à l’ajout de CO<+>2<+> plutôt que de s’empêtrer de projets pétroliers! Le mot projet n’est-il pas positif, dynamique? Assurément pas dans ce contexte. Si on chiffrait seulement la décontamination, que resterait-il des supposés avantages économiques de ces projets? J’ai envie d’autres projets. J’ai envie qu’on valorise notre ingénierie, le fait que nous produisons de fameux moteurs électriques par exemple, tout en reconnaissant l’indéniable apport de l’hydroélectricité au Québec. Ça, ça s’additionne bien, dans ce contexte, le mot économique est porteur de fierté.

En équivalence logique, plus en s’enfonce dans le pétrole, plus on retarde le virage vert! C’est non seulement une collision avec nos intérêts écologiques, voire économiques, mais avec nos aspirations humanitaires.