C’est sur la vie que met l’accent la Maison Victor-Gadbois de soins palliatifs

Yolande Bessette, native de Richelieu, accueille la mort avec une plus grande sérénité en prenant le temps de vivre le dernier segment de son parcours, échelonné sur près de huit décennies.

C’est ce que lui permet notamment la Maison Victor-Gadbois (MVG), fondée en 1992. Mme Bessette a découvert le lieu grâce à son conjoint. Après 57 années de vie de couple, celui-ci a passé quatre jours à la MVG avant de rendre l’âme. Atteinte d’un cancer, elle passe maintenant une journée par semaine depuis le printemps dernier au Centre de jour offert par l’organisme. Entourée d’autres « invités », elle profite du temps. « Ça me réconcilie avec la fin de ma vie. J’ai beaucoup moins peur », souffle avec douceur la femme de 79 ans.

Des services gratuits

Le Centre de jour est un lieu intime où sont offerts gratuitement des services aux personnes de 18 ans et plus atteintes d’un cancer métastatique ou non guérissable. Les invités fréquentent en moyenne 17 mois le lieu. Accompagnement par l’art, stimulation sensorielle, massage, physiothérapie, acupuncture, rencontre de soutien, zoothérapie, musicothérapie, soins infirmiers, bain thérapeutique, soins de pieds, esthétique, coiffure, yoga, formations et conférences font entre autre parties des services accessibles. « Leur objectif de soins, c’est d’être le mieux possible pour le temps qu’il reste, avec l’énergie disponible », résume Nathalie Savard, directrice générale depuis plus de six ans de la MVG. Elle souligne que la MVG ne met pas l’accent sur la maladie, mais bien sur la vie. « On essaie de boucher tous les trous de notre réseau public », soutient Nathalie Savard. Les services sont aussi offerts sans frais aux proches.

Un plus court passage

Outre les invités du Centre de jour de passage de façon hebdomadaire, une douzaine de patients y demeurent à temps plein pour y vivre leur fin de vie. Ces humains, quant à eux, y écoulent en moyenne 20 jours. Avec leurs proches, ils personnalisent cet environnement à leur guise pour en faire leur dernier milieu de vie temporaire. « Nous sommes des témoins privilégiés de leur fin de vie qui essayons de porter le fardeau avec eux », dépeint Mme Savard.

Des soignants qui s’ajustent

Nathalie Savard mentionne que ses soignants doivent être « souples », capables d’accueillir divers taux d’intensité, selon ce que vivent les familles. « Si tu ne souris pas, que tu n’as pas la bonne attitude, ce n’est pas ta place », définit-elle. Ici, le rythme de vie est dicté par l’utilisateur. Sur place, les invités ont été unanimes. « On est accueillis avec le sourire, respect et dignité. On est accros! »

La Maison en chiffres

Ce sont 80 employés, dont 11 médecins, qui gravitent au cœur de la MVG. En tout, 175 bénévoles y donnent 29 000 heures par année. Nathalie Savard chiffre approximativement à 113 le nombre de personnes qu’accompagne la MVG au quotidien. En 2023, un budget de plus de 5,3 M$ a été nécessaire pour déployer tous les services, le coût journalier étant de 14 589 $. Au total, 4,7 M$ sont attribués à la masse salariale. De ces dollars, 40 % proviennent d’une subvention du ministère de la Santé et des Services sociaux et 60 % émanent de dons privés, de dons d’organismes et de recettes issues de nombreuses activités de financement. « On ramasse les sous noirs. Sans la communauté, la Maison ne peut pas exister. Elle est là pour la communauté et par la communauté », évoque Mme Savard.

Un Marievillois généreux

Depuis plus de 20 ans, le Marievillois Fernand Touchette organise une levée de fonds pour la MVG. Le 25 février dernier, à la salle des Chevaliers de Colomb, à Marieville, il a convié la population à un déjeuner familial. Avant l’événement, il avait remis 196 710 $, touchés grâce aux multiples campagnes qu’il a mises sur pied.