« C’est pas juste un cancer de matante », un slogan qui fait sourciller

Le lundi, 14 mars dernier, la Fondation cancer du sein du Québec (FCSQ) a lancé une campagne de sensibilisation ciblant les femmes de 30 à 49 ans, dont le slogan ne fait pas l’unanimité.

« C’est pas juste un cancer de matante » est la formule que propose la Fondation sur ce qu’elle qualifie d’ « un ton direct et percutant ». « L’utilisation du terme ‘matante’ ne vise pas à stigmatiser les femmes plus âgées, qui sont également touchées par le cancer du sein, mais plutôt à susciter une réaction et une prise de conscience chez les femmes plus jeunes », défend l’organisme.

Un usage du terme jugé péjoratif

Or, selon Sylvie Blanchard, directrice générale du centre communautaire chamblyen l’Entraide Plus, ce slogan fait surtout la promotion d’idées discriminatoires envers les personnes vieillissantes. « La promotion de l’âgisme dans une campagne pour faire du bien avec un slogan est de mauvais goût », insiste celle qui s’investit pour la cause des aînés et pour combattre les préjugés véhiculés à leur endroit.

« C’est clairement de la discrimination fondée sur l’âge (…) » – Sylvie Blanchard

« Le terme ‘matante’ est tellement utilisé de façon péjorative dans cette publicité. Je me suis dit, ben voyons donc, je me sens personnellement presque accusée d’être matante. C’est limite violent, parce que moi je suis fière d’en être une. La société commence à peine à prendre conscience que l’âgisme se perpétue avec des mots comme ceux-ci, qui semblent anodins, mais qui ont une grande portée. Dans l’imaginaire collectif, tout le monde comprend ce que veut, ‘c’t’une matante…c’t’un mononcle’, et cette image est difficile à défaire. Elle continue de se perpétuer et cette campagne n’aide vraiment pas. C’est clairement de la discrimination fondée sur l’âge, parce que, disons-le, matante, ce n’est pas une jeune n’est-ce pas? Encore une fois, les vieux se font diminuer. Ce n’est sûrement pas en faisant la promotion d’un langage qui nourrit les préjugés que ça aidera l’évolution et la sensibilisation sociale, au contraire. Cela a pour effet pervers de creuser l’écart entre les générations. Est-ce vraiment ce qu’on veut? », questionne Sylvie.

Notons que sur les pages de réseaux sociaux, de nombreuses femmes, jeunes et moins jeunes, ont aussi exprimé leur indignation quant au slogan.

Cibler les jeunes femmes

Au Québec, le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes de 30 à 49 an. Il s’agit de la principale cause de décès par cancer pour ce même groupe d’âge. « Pourtant, peu de prévention est faite auprès de ces femmes, qui ont tendance à ne pas se sentir concernées par la maladie, souvent associée aux femmes plus âgées », insiste la Fondation. « (Les jeunes femmes) ont possiblement vu des femmes plus âgées de leur entourage, dont des tantes, vivre avec un cancer du sein, et ne pensent pas nécessairement qu’elles sont sujettes elles aussi à en développer un. La campagne mise donc sur ce référent auquel plusieurs jeunes femmes pourront s’identifier. » 

La campagne de sensibilisation se déroulera jusqu’au 24 avril, conservant, jusqu’aux dernières nouvelles, son slogan polarisé.

Question aux lecteurs:

Que pensez-vous du slogan « Pas juste un cancer de matante » ?