Cannabis médicinal: quand inhaler rime avec santé

CANNABIS. S’il se dit convaincu de la nécessité de légaliser le cannabis dans un but médicinal, le propriétaire de Mad Hatter’s, Steve Nicole, espère pouvoir bientôt créer, à Chambly, un véritable centre d’entraide, qui existe déjà officieusement dans sa

:«Les clients viennent quand ils le souhaitent, une fois par semaine, une fois par mois, c’est à leur convenance.» S’il réfère des malades à des médecins pro-cannabis, Steve Nicole les accompagne également dans leur traitement, et répond à leurs questions pratiques (plus de détails ici).

«C’est quelque chose dont on manque dans notre communauté, un centre pour que les patients puissent se regrouper et parler à propos de leurs problèmes», regrette-t-il.

Marie-Claude, 40 ans, de Carignan, souffre de problème de dos, d’anxiété et de dépression, et a abandonné sans regret son traitement initial.

«J’ai essayé plusieurs médications pour la dépression, mais j’étais tout le temps dans les vapes, raconte-t-elle. Le cannabis, que je dose suivant mes douleurs, me permet de fonctionner dans ma journée, et d’être en forme.»

Même son de cloche pour Ludwig, de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui, à 27 ans, souffre du syndrome du côlon irritable. «J’avais fait exactement ce que la gastro-entérologue m’avait dit, mais le traitement n’a pas marché», se souvient-il.

Des recherches personnelles et un grand intérêt pour les médecines naturelles l’incitent à se tourner vers le cannabis. «Un mois et demi plus tard j’allais déjà mieux, et j’avais plus d’énergie.»

Si de nombreux patients atteints d’anxiété, de cancer ou de sclérose en plaque se tournent vers le pot thérapeutique, des personnes souffrant de douleurs articulaires y ont également recours.

Des consommateurs aguerris

La majorité des clients de Steve Nicole, dont l’âge varie entre 27 et 85 ans, consommaient déjà presque tous du cannabis illégalement afin de se soigner.

Cycliste aguerri résidant à Saint-Hubert, Denis, 46 ans, souffre de spasmes et d’arthrite, et consomme du pot depuis 24 ans. «J’ai tout le temps su que le cannabis avait des vertus médicinales, mais l’expérience d’en acheter sur le marché noir n’est vraiment pas agréable», explique-t-il, pointant le manque de fiabilité et de qualité du produit.

Ludwig se procurait du cannabis chez un ami avant de se tourner vers les prescriptions légales. S’il mentionne un prix légèrement supérieur chez un distributeur reconnu, il loue la qualité du produit.

Légaliser le cannabis

Tous attendent beaucoup de la loi envisagée par le gouvernement fédéral, dont les contours restent nébuleux.

«Je suis pour que les patients puissent faire pousser leurs plants chez eux, soutient Marie-Claude. Je ne vois pas pourquoi ce serait plus dangereux. Je ferais pousser deux plants, je n’y consacrerais pas mon sous-sol.»

Ludwig abonde dans le même sens. «Clairement, je pense que le cannabis médical a sa place [dans le système de santé].»

Interrogés sur d’éventuels problèmes de dépendance, les trois utilisateurs de pot thérapeutique sont unanimes.

«Je ne reviendrai pas aux médicaments, affirme Marie-Claude. J’avais un gros problème d’accoutumance avec les antidouleurs que je prenais, que je n’ai plus avec le cannabis.»

Denis, de son côté, a même baissé sa consommation de cannabis.