Yves-François Blanchet fait le bilan de son année

Le député de Beloeil-Chambly et chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, s’est entretenu avec le journal pour parler de comment il entrevoyait la suite de son mandat, et pour faire le bilan d’une année chargée, qu’il bouclera avec un congé bien mérité.

M. Blanchet n’a pas cessé de travailler depuis les élections. Dans son bureau de circonscription, décoré de cartes de Noël, d’une figurine du Capitaine Kirk, et d’une lettre de Jacques Parizeau encadrée et accrochée au mur, le député et chef de parti a commenté les événements qui ont ponctué la dernière année, abordant au passage les enjeux qui le motiveront pour la prochaine.

Voyez-vous toujours le résultat des élections comme une victoire à la Pyrrhus, « sans gagnants ni perdants », tel que vous l’aviez formulé dans votre discours prononcé lors de la soirée du scrutin?

Le gouvernement est resté minoritaire. Au Québec, les partis ont été réélus dans les mêmes circonscriptions. Ça a coûté 600 millions de dollars. Dans la province, les majorités de la plupart des comtés, quel qu’en soit le parti, ont augmenté. Les comtés bloquistes ont, pour la plupart, renforcé leur majorité. C’est le cas ici, dans Beloeil-Chambly. Les comtés libéraux et conservateurs ont aussi renforcé leur majorité, réduisant les chances pour les comtés de changer de main dans une élection. Et si jamais des chefs de parti ne restent pas, il y a tout le processus de désignation de nouveaux chefs qui prend du temps. Je serais très surpris qu’il y ait des élections avant trois ans.

« Je ne vais rien faire pendant un mois! » – Yves-François Blanchet

Personne n’a fait de gain, ni de perte, mais notre équipe s’est renforcée, ne serait-ce que parce qu’elle a deux ans d’expérience de plus, et qu’elle compte trois nouveaux députés, d’excellentes pointures. Ce qu’il faut retenir, c’est l’appui renouvelé et maintenu des électeurs. On ne pourra plus dire que c’est un coup de chance, comme on l’avait entendu avec l’élection des 32 députés du Bloc en 2019.

Au regard des événements de la dernière année, de ce qui s’est passé au débat anglophone relativement à la loi 21, faut-il s’inquiéter d’une tendance vers l’hostilité à l’égard du Québec?

Les adversaires du nationalisme québécois essaient de le faire passer pour quelque chose de conservateur, comme si la religion était plus progressiste que la laïcité. La laïcité est la meilleure protection imaginable pour l’égalité des genres, dans l’espace d’État. La langue française est celle dans laquelle nous voulons que les gens qui choisissent le Québec s’intègrent, non pas parce qu’on veut la leur imposer, mais parce qu’on a le devoir de la leur enseigner, car la langue d’une société est l’outil fondamental pour l’intégrer.

Dans la dernière année, pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, plusieurs entreprises du territoire se sont tournées vers le recrutement international pour recruter des travailleurs voulant s’établir au Québec. Qu’en pensez-vous?

Ça, c’est le beau modèle. On a besoin de cette main-d’œuvre spécialisée, qui n’est pas disponible sur le marché de l’emploi au Québec. Tel que je l’avais annoncé dans mon programme, j’ai l’intention de développer ce genre de démarche, car le tissu industriel de la Vallée du Richelieu, qui est certes très dynamique, est affectée par ce manque de main-d’œuvre spécialisée comme le reste du Québec.

Certains vous ont reproché de ne pas avoir été assez présent sur le territoire, au cours de votre dernier mandat de député.

Moi, je n’ai pas senti cela, car mon équipe était très présente, et les 53 % d’électeurs qui m’ont appuyé n’ont pas l’air de le penser non plus. Si mes adversaires ont dit cela, c’est qu’ils ont voulu faire abstraction du fait que je sois chef de parti. Être chef, ça vient avec l’inconvénient d’un niveau de présence un peu moins important sur le territoire, ce que je peux maintenant compenser parce qu’il n’y a pas d’élection à court terme. J’étais en élections pendant deux ans. Maintenant, je me gâte en étant beaucoup plus présent. Mais être chef vient aussi avec l’avantage d’avoir plus d’influence pour soutenir les dossiers de la circonscription.

Le suivi du dossier de l’environnement et de la préservation de la rivière Richelieu fait partie des engagements que vous avez manifestés au cours de la dernière année. Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à ce dossier?

Je fais le tour des maires et mairesses, et je réalise que ceux qui étaient là étaient déjà sensibles à la cause, mais aussi, que les nouveaux le sont et c’est fantastique. Si je devais en faire le bilan, je parlerais de la qualité exceptionnelle de ce que j’appelle le caucus des maires et mairesses du comté. Ils sont allumés, dynamiques, et ça promet. Il y a un intérêt et une curiosité palpables pour les enjeux propres aux plantations d’arbres, au chevalier cuivré ou au civisme sur la rivière, et ça va nous pousser à aller plus loin dans le processus. Ma seule inquiétude, c’est qu’une fois qu’on sera tous d’accord, c’est un long processus de démarches qu’il faudra enclencher auprès des gouvernements, et la rivière Richelieu n’a pas le luxe de pouvoir attendre encore dix ans.

En tant que politicien, est-ce qu’il est parfois difficile d’afficher et de conserver la même énergie en public, jour après jour?

Je n’ai pas pris de congé depuis l’élection. Dans une semaine, je serai en vacances, et je peux vous dire que je n’irai nulle part. Je ne vais rien faire pendant un mois! J’ai voulu m’assurer que le bureau de la circonscription était en ordre, que l’équipe avait des mandats, des dossiers, des échéances et des priorités avant de m’absenter. J’ai déjà tenté de prendre une semaine de congé mais n’en est pas été capable. Alors, ce sera maintenant!

Un rassemblement de Noël en vue?

Je ne vise pas trop les rassemblements. Je vais plutôt dormir, allumer un feu, lire des livres, voir des films et des séries, aller courir, aller au gym, bref, décrocher.

Est-ce qu’on peut vraiment « décrocher » en politique?

Disons que ça prend quelques jours. La première journée de congé est la plus difficile, parce qu’on pense à ce qu’on n’a pas fait avant de partir en congé. Après 2-3 jours, tu ne veux plus rien savoir de personne. Décrocher lorsqu’on est à l’étranger est plus facile car tu n’es plus dans ton environnement. Là, en restant au Québec, ce sera plus difficile, car je serai encore exposé au même bulletin de nouvelles, mais je vais me discipliner pour ne pas le regarder!