Qu'en sera-t-il de notre eau?

Si nous déroulons le tapis rouge à l’exploitation des hydrocarbures comme le prévoit le projet de loi 106, notre eau, peut-être craindrons-nous de la boire.

Gaz de schiste. Non seulement on utilise des quantités faramineuses d’eau pour l’extraire de la roche, mais encore, on recourt aux produits chimiques. Que contiennent donc les fluides de fracturation? Ces informations étant protégées par le secret industriel, ce sont les eaux de rejet d’extraction qui ont fourni la réponse.

Plongeons dans ce cocktail chimique au risque d’en ressortir abasourdis. Acide sulfurique concentré (aérosols), benzène, formaldéhyde, oxyde d’éthylène, silice cristalline, acrylamide, chlorure de benzyle, composés inorganiques du plomb, épichlorhydrine, nitrites et nitrates: mots inusités désignant des composés chimiques qui sont tous cancérogènes. Sur 2500 mélanges chimiques, plus de 650 contiendraient des produits potentiellement nocifs. Effets: reprotoxique, hématotoxique, mutagène, neurotoxique, immunotoxique allergisant, photosensibilisant, fibrosant pulmonaire, corrosif, asphyxiant, narcotique… que de maladies en perspective!

Parmi les types de contaminants, on retrouve, dans les eaux usées, le gaz: méthane, éthane, gaz carbonique, sulfure dihydrogène, diazote, hélium. Surenchère toxique: mercure, plomb, arsenic. La radioactivité n’est pas en reste: radium, radon, thorium, uranium; quatre redoutables cancérogènes pulmonaires.

Peut-on se rassurer avec les «taux acceptables»? Ceux-ci parfois excèdent gravement les normes en vigueur, par exemple, certaines eaux usées contenaient du radium 226, des concentrations dépassant 267 fois la limite permise aux déversements dans la nature et 1000 fois la limite permise dans l’eau potable.

Rassurant, alors, les «seulement 1% à 2%» de produits chimiques? Compte tenu des quantités d’eau requises, ce pourcentage peut équivaloir jusqu’à 450 tonnes pour une seule fracturation. Tant de chimie concentrée dans les fluides de fracturation, autant de réactions chimiques en puissance. Quels effets ont entre eux ces produits combinés à la radioactivité? Qu’en est-il des «taux acceptables» quand on ignore ce qui résulte de cet immonde cocktail? Et ledit cocktail risque d’atteindre notre fleuve, nos rivières et ruisseaux. Irrémédiablement exclue, la tranquillité d’esprit.

C’est si aberrant qu’il est tout naturel de dire «Non». De plain-pied avec nos municipalités et MRC, refusons cette loi et exigeons l’adoption de règlements sur la protection de l’eau. Le Québec a toujours regorgé d’eau, nous ne pensions pas avoir à la protéger, mais l’heure n’est-elle pas venue?

L’auteure s’improvise, en 2010, militante contre les gaz de schiste à l’instar de nombreux citoyens qui partagent une vision verte de l’avenir.