Jean Lacroix motivé à bien faire à Chambly

Hier soir, mardi, se tenait la séance du conseil municipal ordinaire de Chambly. Ce fut l’occasion de voir le nouveau directeur général, Jean Lacroix, réintégrer ses fonctions à la gauche du maire suppléant après six ans de procédures judiciaires contre la Ville. M. Lacroix a accepté de répondre au Journal à la fin de la séance du conseil.

Comment s’est déroulé cette séance au conseil municipal en tant que directeur général pour la première fois en six ans?

C’était espéré. Le rôle de gestionnaire municipal, c’est un métier que j’ai pratiqué pendant plus de vingt ans. C’est un métier que j’adore et je dirai que j’apprécie particulièrement, après six ans de procès, le fait de pouvoir enfin exercer la fonction pour laquelle j’ai consacré une bonne partie de ma vie.

Avez-vous déjà rencontré l’ensemble du personnel à la Ville?

Je suis en processus. J’ai déjà rencontré une partie du personnel cadre. J’ai déjà visité les étages de l’hôtel de ville. Je suis dans le processus d’entrer en contact avec l’ensemble de l’organisation. J’ai eu le premier contact avec le conseil de Ville lors d’une réunion de travail hier (lundi). De façon globale, malgré tout ce qui s’est débattu au cours des dernières semaines, j’ai été relativement bien accueilli.

Comment avez-vous pris la demande de révision de jugement exigée par la majorité des conseillers municipaux pour empêcher votre retour?

Les éléments ramenés dans la discussion étaient des éléments qui avaient été débattus après plus de 29 jours d’auditions. Dans les circonstances, ce sont des choses qui ont été débattues et tranchées par un tiers neutre. Je comprends qu’il existe un camp opposé à ma contestation, mais maintenant, on est appelés à travailler ensemble. Je pense que tout le monde devra mettre du sien, du professionnalisme, de l’altruisme. On va devoir aussi laisser une chance à tous et permettre une fois pour toutes que la Ville de Chambly continue d’aller de l’avant. C’est un pas vers la bonne direction et il y en aura d’autres.

Comment prenez-vous la lettre des directeurs de service qui ne voulaient pas de votre retour?

Le contexte est particulier à partir du moment où je me retrouve directeur général qui est sous tutelle. Une Ville qui vit une crise avec une enquête de l’UPAC, une Ville qui a vécu des difficultés sur le plan des relations de travail à l’interne. Je comprends très bien que les gens puissent percevoir le retour de l’ancien directeur général d’il y a six ans, dans un contexte où des fonctionnaires ont même témoigné dans ce procès, comme un élément déclencheur de craintes. Je le comprends, je le respecte, mais en même temps, je suis très bien disposé à collaborer avec tous ces gens-là. Je n’ai aucune rancune envers qui que ce soit. C’est un processus qui a été complété, je tourne la page et on va de l’avant. C’est de cette manière que j’ai abordé cette question avec l’ensemble des fonctionnaires que j’ai rencontrés jusqu’ici. Les gens que j’ai rencontrés m’assurent de leur collaboration et de leur professionnalisme. Donc, nous devrions procéder à une réintégration qui sera un succès. Dans toute chose, il y aura des liens de confiance à rétablir, mais en même temps, j’ai été présent pendant trois ans comme directeur général. Je ne repars pas à zéro. Je connais le personnel, pour l’essentiel, avec lequel j’ai eu à travailler. On parle de personnel de talent, qui a les compétences et les motivations pour contribuer au succès de la Ville de Chambly. Je pense aussi avoir maintenu mon niveau de connaissances et de compétence. Je pense qu’en équipe, on est capables de faire quelque chose de très bien.

Humainement, comment on ressort de six ans de procédures acharnées? L’avez-vous dans un esprit de revanche?

Au contraire, je n’ai pas gagné ce procès-là par chance. Je l’ai fait par conviction. Je l’ai fait dans une démarche de me tenir droit et je vais continuer à me tenir droit même malgré les vents contraires d’une réintégration qui est très originale. C’est un premier cas au Québec, qu’un sonneur d’alerte est réintégré sur ordonnance d’un tribunal. C’est une disposition qui est entrée en vigueur en même temps qu’on a créé la Commission Charbonneau. Quelque part, je ressens le devoir d’aller jusqu’au bout et de le faire correctement en étant conscient que tout cela peut bousculer et engendrer des craintes. Mon objectif sera de rassurer tout le monde sur ce point.

Quelle sera l’indemnité que vous recevrez à la suite du préjudice que vous subissez depuis six ans?

Le Tribunal se réserve le privilège d’émettre des conditions et d’ordonner le versement de dédommagements. Comme j’ai été victime d’un licenciement illégal, la Commission des normes, maintenant la CNESST, a désigné un procureur dans mon dossier. Il a pour mission d’assurer l’exécution pure et simple du jugement et d’assurer ma réintégration dans l’harmonie. Dans ce cadre-là, elle a également le mandat, la CNESST, de réclamer pour et en mon nom tous les dédommagements qui sont applicables dans les circonstances. Au moment où on se parle, on a pris, de concert avec les tuteurs, la décision de d’abord assurer la réintégration et, probablement au cours du mois de septembre, de débattre, le cas échéant, devant le Tribunal administratif du travail la question du dédommagement. Entre-temps on s’est réservé le privilège de pouvoir négocier et d’en arriver peut-être à une entente avant cet échéancier. Une bonne entente vaut mieux que tous les jugements.