Un pas à la fois

La vie de Geneviève Plourde a basculé le 4 janvier, alors que celle-ci a fait une chute dans les escaliers qui aurait pu lui être fatale.

C’est en se rendant au sous-sol que la femme, qui vient tout juste de quitter Chambly après plus de trente ans en son sein pour s’établir avec ses quatre enfants et son mari à Saint-Jean-sur-Richelieu, a perdu pied. Seize marches plus tard, c’est sa tête qui encaissait le choc, la plongeant dans un profond coma pendant plusieurs jours, entre la vie et la mort. « C’est mon fils de dix ans et mon mari qui m’ont trouvée. Ce sont des images difficiles pour eux. Les deux en pleurent encore », dit avec beaucoup d’émotion la principale concernée.

La mère de famille a été, dès lors, transportée d’urgence à l’Hôpital général de Montréal, où elle a passé plusieurs jours. À son arrivée à l’urgence, du sang sortait de ses oreilles et de sa bouche. La femme respirait à peine. Après avoir passé plusieurs jours au centre de traumatologie, elle a été transférée le 18 janvier à Boucherville, en centre de réadaptation sous la surveillance d’une équipe médicale.

La réadaptation qui s’entame

La femme de 46 ans souffre d’un grave trauma, de saignements intracrâniens, de multiples fractures dont une aux cervicales, d’une déchirure de l’artère dans le cou. Elle se meut à l’aide d’un déambulateur et doit désormais réapprendre à marcher. Problèmes d’élocution, perte de mémoire et confusion des mots s’ajoutent au lourd bilan qui l’accable. De plus, elle doit également réapprendre à faire la plupart des petits gestes du quotidien. « Je ressens de la peine et de la frustration. Ici, je fais des exercices et ça ne marche pas toujours, alors je me fâche et j’en pleure, car ce n’est pas moi. J’étais une personne capable de se débrouiller, d’être autonome. Je suis quelqu’un de fier, mais là, j’ai besoin d’aide », décrit Mme Plourde. Orthophoniste, ergothérapeute, physiothérapeute, éducatrice et travailleuse sociale font partie des professionnels contribuant à sa réadaptation.

À ses côtés, Mme Plourde est accompagnée de sa grande fille Marie-Lise, qui, de Chambly, vient la voir au moins deux fois par semaine en transport en commun. « Je me sens impuissante. J’ai envie d’aider le plus possible, mais je ne peux pas. Les rôles sont inversés; c’est moi qui dois s’occuper d’elle. J’ai eu peur de la perdre et j’ai encore peur de la perdre, car ce n’est pas fini », fait part la jeune femme qui étudie pour devenir travailleuse sociale.

« J’ai ouvert mon service de garde à Chambly il y a quatre ans. Maintenant, avec la longue réhabilitation, c’est fini, je n’ai plus rien, j’ai tout perdu. » – Geneviève Plourde

Pas de revenu

La nouvelle Johannaise est travailleuse autonome et détient une garderie privée en milieu familial. Ses quatre enfants ont respectivement 26, 25, 18 et 10 ans, les deux derniers vivant sous l’aile parentale. Elle n’a toutefois pas d’assurance salaire et ne pourra pas retravailler avant au moins un an, selon ce que les médecins disent, sous réserve qu’elle guérisse pleinement sans conserver de séquelles. Un état sur lequel les spécialistes ne peuvent se prononcer pour l’instant. « J’avais des assurances pour ma garderie, mais c’était au cas où une autre personne que moi se blesse. J’ai ouvert mon service de garde à Chambly il y a quatre ans. Maintenant, avec la longue réhabilitation, c’est fini, je n’ai plus rien, j’ai tout perdu », se résigne Mme Plourde.

GoFundMe

Sandra Grosjean, une Chamblyenne, est une connaissance de Mme Plourde. Elle a souhaité prêter main-forte. Sous cet angle, elle a mis sur pied une cagnotte solidaire. « J’ai créé un gofundme pour lui venir en aide afin d’amasser des sous pour lui permettre de se consacrer uniquement à sa guérison et de ne pas se stresser avec les comptes à payer. Présentement, elle s’inquiète beaucoup trop à cause de sa perte de salaire et des conséquences. Elle a peur de perdre la maison qu’elle loue, de ne pas pouvoir nourrir ses enfants, etc. Les médecins lui ont bien expliqué que tout ce stress est dangereux, car elle a encore des saignements intracrâniens, mais c’est plus facile à dire qu’à faire dans sa situation », exprime en conclusion la bonne samaritaine.
Mme Plourde souligne aussi l’apport de son mari, qui, distancé de sa flamme, vit ces moments péniblement. Au moment d’écrire ces lignes, Geneviève Plourde n’avait pas vu son garçon de dix ans depuis l’accident en raison des présences limitées par la COVID-19. Une demande de dérogation était en cours afin de lui octroyer ce droit.

Pour contribuer à la cagnotte collective, voici le lien : https://gofund.me/1aefe89b