Perreault a été mené en bateau par les agents doubles

TRIBUNAL. La description en détail de la technique de type Mr Big utilisée pour piéger Alain Perreault en vue de lui faire admettre le meurtre de Lyne Massicotte a permis de voir tout le déploiement d’artifices mis en place pour lui faire croire qu’il fai

Durant l’opération Mr Big déployée par des agents infiltrateurs d’une escouade policière mixte, entre la fin septembre 2009 et le début janvier 2010, Perreault a pris part à 41 scénarios fictifs. À son insu, il a été berné par des policiers qui ont orchestré une série de stratagèmes pour faire croire à Perreault qu’il avait été recruté par une grande organisation criminelle.

Parmi ces différents sketches mis en scène sur un parfois deux jours, certains ont été plus déterminants.

-Scénario 1: la rencontre après sept tentatives d’approche. Le 30 septembre 2009, un agent double feint d’être égaré et demande de l’aide pour récupérer un véhicule vendu à un mauvais payeur. Comme il est seul parce que son collègue a eu une urgence, il propose à Perreault de le suivre et ramener la rutilante Mercedes jusqu’à son concessionnaire de Trois-Rivières en échange de 200$.

-Scénario 9: faire face à l’imprévu. Le 19 octobre, Perreault doit apporter une valise du terminus de bus de Sainte-Foy dans un grand hôtel de Mont-Tremblant, puis revenir coucher dans un hôtel de Laval. Toutefois, l’agent couvreur est informé qu’une émission télévisée d’affaires publiques doit porter en soirée sur la technique Mr Big. Pour éviter que le suspect soit exposé, il est décidé qu’il ira plutôt dormir dans un chalet reculé où il n’y a pas de télé, en vue d’une nouvelle mission le lendemain en Ontario.

-Scénario 27: épreuve de confiance. À partir du 4 décembre, les choses allant rondement, un dispositif d’écoute et d’enregistrement des conversations est mis en place. Perreault est alors jumelé à un autre nouveau de l’organisation, qui arrive en retard et fait un arrêt imprévu pour vendre des cigarettes de contrebande avec le camion que tous deux doivent rapporter à Longueuil. Interrogé sur le long délai à leur arrivée, le prospect mentira sur la véritable raison. Dénoncé par Perreault, qui fera preuve de loyauté envers l’organisation, il sera remercié sur le champ.

-Scénario 29-30: puissance et armes. Le 8 décembre, Perreault participe à un échange de mallettes dans un hôtel de Sherbrooke. Avant de partir, son comparse Jimmy qui l’accompagne dans la plupart des activités lui demande de compter l’argent récupéré qui doit atteindre un montant de 300 000$. Deux jours plus tard, ils sont près de la frontière avec les États-Unis pour récupérer des caisses d’armes à feu. Durant la manipulation, Perreault se blesse alors à l’arcade sourcilière et doit être conduit à l’hôpital pour être soigné. Ces deux épisodes illustrent la force et le soutien des membres du groupe.

-Scénario 35: entraide à tout prix. Le 28 décembre, un membre de l’organisation revient paniqué de Toronto. Il prétend avoir corrigé trop violemment un mauvais payeur et l’avoir battu à mort. Un appel est lancé au grand patron, toujours inconnu de Perreault, qui le mandate pour aller jouer dans les machines à sous du Casino de Montréal avec le membre qui s’est mis dans le pétrin. Un faux alibi est créé grâce aux contacts de l’organisation qui obtient un DVD montrant l’individu sur les images des caméras de surveillance, à l’heure et à la date où le règlement de compte aurait eu lieu.

-Scénario 41: entrevue avec le grand patron. Le 13 janvier 2010, Perreault est convoqué dans une suite d’un hôtel chic de Québec, pour rencontrer le présumé chef de l’organisation criminelle qu’il a intégrée depuis trois mois. Il est alors fouillé puis mis en contact seul avec lui. Pour s’assurer de sa loyauté, ce dernier lui demandera de révéler son implication dans la disparition de Lyne Massicotte en juillet 2003. Ce sera la fin de l’opération Mr Big, qui mènera ensuite à l’arrestation d’Alain Perreault pour répondre à des accusations de meurtre.

Sur le même sujet: La technique Mr Big expliquée au jury dans le procès d’Alain Perreault