30 mois de prison pour avoir frappé une mère et son bébé

SAINT-CÉSAIRE. Benoît Trottier a été condamné, le 24 mars, à 30 mois de prison pour avoir frappé avec sa voiture Emmanuelle Richard et son bébé dans un stationnement. La victime juge que la peine est inappropriée puisque cet accident aurait pu lui coûter

L’homme de 47 ans originaire de Granby a percuté la mère et sa poussette, en août 2015, alors qu’il tentait de mettre fin à ses jours en fonçant dans un mur situé près de l’intersection de la rue Notre-Dame et de l’avenue de l’Union.

Après avoir subi une évaluation psychiatrique, il a été reconnu apte à répondre aux infractions pour lesquelles il était accusé. Il a donc plaidé coupable à quatre chefs d’accusation, dont conduite dangereuse et délit de fuite causant des lésions.

Toutefois, Mme Richard croit qu’il aurait dû être accusé de tentative de meurtre et être condamné à 20 ans de prison.

«Je me fais dire: ̎ il n’y personne qui est mort alors il ne mérite pas une grosse peine.̎ D’accord, mais c’est parce que j’ai réussi à sauver mes enfants et moi-même», affirme-t-elle.

L’avocate de la défense, Me Jessie Marquis, soutient que l’intention de M. Trottier n’était pas de les frapper, mais bien de se suicider.

«C’est un événement qui est malheureux pour ces personnes, mais il ne les connaissait pas et il n’a pas foncé délibérément sur eux. Ils se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment», déclare-t-elle.

L’avocate de la Couronne, Me Sandra Bilodeau, mentionne la même chose.

«Il n’y avait rien dans la preuve soumise qui me permettait de penser que c’était un geste qui était volontairement dirigé contre ces personnes-là», commente-t-elle.

Emmanuelle Richard maintient toutefois sa position et craint que cette courte sentence pousse M. Trottier à s’en prendre à nouveau à sa famille lorsqu’il sortira de prison dans 18 mois, le temps qu’il lui reste à purger.

«C’est plate à dire, mais un gars qui est accusé de si peu pour tant de choses qui auraient été faites, d’après moi il va vouloir finir sa job. Il se dit: ̎ t’as vu comment le monde me laisse des chances, je vais recommencer, c’est payant», croit-elle.

Me Bilodeau indique toutefois que le juge a ordonné des interdictions de contacts pendant la période de probation de 2 ans qui suivra la fin de l’incarcération de Benoît Trottier.

Malgré tout, Mme Richard désire maintenant trouver des témoins pour prouver que M. Trottier a bel et bien tenté de les tuer.

Toutefois, Me Bilodeau affirme qu’elle n’a pas de motifs d’aller en appel.

«Le juge a donné presque que ce que j’ai demandé, soit environ 34 mois. C’est une peine raisonnable», déclare-t-elle.

Des séquelles psychologiques  

La mère de 28 ans indique que cet événement a eu des impacts psychologiques autant pour elle que pour ses enfants. Emmanuelle Richard confie qu’elle a peur de la conduite des autres lorsqu’elle est passagère dans une voiture. C’est pourquoi, elle a renoncé à son plan de suivre son cours de conduite. Cela et les séquelles physiques, notamment sa difficulté à marcher, lui nuisent pour trouver un emploi.

Malgré sa situation difficile, c’est pour son fils de 8 ans, Nathan, qu’elle s’inquiète le plus.

«Il est présentement sur le point de rater son année au complet. Il ne faut pas qu’un inconnu s’approche de lui parce que ça le rend nerveux. Il ne dort plus», déclare-t-elle.

Le petit garçon est aussi conscient d’être affecté par l’accident et a accepté d’en parler.

«Je pensais qu’elle était morte pour toujours. Je suis content que maman soit en vie, mais je pense qu’elle est morte quand elle arrive en retard pour aller me chercher à l’école. J’ai peur des autos quand elles vont vraiment vite», explique-t-il.