« Tannants » mais écolos

C’est par souci de réduire leur empreinte écologique, et d’encourager les autres à suivre leur exemple, que huit élèves de l’École Le Tremplin à Chambly confectionnent et vendent leurs propres produits zéro déchet.

C’est grâce à leur enseignante et à leur éducatrice, Mylène Duchesne et Nathalie Gauthier, qui les ont initiés au tri des déchets, et sensibilisés à leur impact sur les fonds marins et les animaux, que les huit garçons de niveau primaire ont commencé à nourrir un intérêt particulier pour la réduction de leur empreinte écologique.

Une école pas comme les autres

L’école Le Tremplin, située à l’intérieur du centre jeunesse de la Montérégie sur la rue Salaberry, accueille des jeunes âgés entre 10 et 21 ans, placés tantôt sous la Protection de la jeunesse, tantôt sous la Loi des jeunes contrevenants.

« En partant, ce sont des élèves qui ont vécu des choses difficiles », apporte Nathalie, « et pour qui le papier et le crayon fonctionnent très peu, de là l’intérêt d’enseigner au travers de projets. », complète Mylène.

« Nous avons un groupe de 8 élèves de niveau primaire, et ce sont tous des garçons. Ils habitent ici de trente jours à un certain nombre d’années. Certains peuvent voir leur famille en fin de semaine, contrairement à d’autres. Ils ont vécu toutes sortes d’épreuves, mais ça leur apporte une profondeur et une maturité. »

« À l’unisson, ils ont répondu qu’ils voulaient réaliser ‘des projets pour sauver la planète !’ » – Mylène Duchesne

Une idée qui a germé

Déjà avant de leur inculquer ses valeurs, Nathalie ne jurait que par les produits zéro déchet, faisant ses propres shampoing, savon à linge, produits de beauté et ménagers artisanaux à la maison. « Avec la COVID, les enfants se désinfectent régulièrement les mains avec des produits chimiques qui les rendent sèches. J’ai donc amené à l’école l’une de mes crèmes, et j’ai vu que ça a piqué la curiosité des élèves. », raconte l’éducatrice. « On s’est mis à parler beaucoup d’environnement avec eux. Puis un jour, une autre classe de l’école a parti son propre service de café. Les élèves de cette classe recevaient des commandes des professeurs de l’école le matin, et allaient leur apporter leur café avant la première période. », entame Mylène.« En voyant cela, les élèves de notre classe ont réclamé d’avoir leur propre compagnie. Nathalie et moi leur avons demandé quel genre de projet on pourrait faire ? À l’unisson, ils ont répondu qu’ils voulaient réaliser ‘des projets pour sauver la planète !’ »

« Il a fallu se trouver un nom, des logos, choisir des produits que l’on pouvait fabriquer, calculer combien ça nous coûterait à produire et comment faire du profit. Ils ont même appris à faire des recettes, on a pu leur faire confiance pour se mettre aux fourneaux et ils se sont bien appliqués à la tâche. Lorsqu’ils utilisaient les huiles essentielles, les gens passaient dans le corridor, en commentant leur appréciation des effluves, et c’était gratifiant pour eux. » C’est ainsi qu’ils ont créé toute une gamme de sept produits distincts.

La Maison du zéro déchet

Nathalie étant une habituée de la Maison zéro déchet de Chambly, elle et Mylène leur en ont expliqué le concept. « On a dû obtenir la permission des parents, ce qui n’est pas chose facile, pour les amener avec nous afin qu’ils visitent la maison. Là-bas, on leur a expliquer comment ça fonctionnait, la pesée des pots des clients pour éviter d’utiliser des sacs en plastique, etc. Les propriétaires ont été très gentils, nous ont super bien accueillis, ont pris le temps de parler aux garçons et même de leur donner des bonbons végétaliens. Éventuellement, sans qu’on s’y attende, ils nous ont dit que si on en venait à créer notre marque ainsi qu’un produit vraiment fini, ils seraient ‘honorés’ de vendre nos produits, sans même toucher de commission. Les garçons, Nathalie et moi n’en revenions pas. »

Les jeunes artisans et entrepreneurs verts vendent présentement plusieurs de leurs produits à la Maison du zéro déchet,  sous la bannière de Tannants mais… écolo, une marque qu’ils ont créée à leur image. Leurs cakes à vaisselle, baumes corporels et pains nourrissants, disposés sur un présentoir, ont commencé à se vendre comme des petits pains il y a deux semaines.

Les deux pédagogues s’avouent fières de l’accomplissement de leur classe, qu’elles voient comme la génération des citoyens écoresponsables de demain.

Question aux lecteurs :

Que pensez-vous de ce genre de projet scolaire ?