Protection du golf de Chambly

André Labarre est le porte-parole du mouvement citoyen DEVC, qui fait la promotion d’un parc écologique sur ce qui reste de l’ancien golf, projet pour lequel le groupe milite depuis 2016.

En février dernier, l’homme avait coécrit une lettre s’intitulant Un cri du cœur pour la nature. À ce jour, plus de 1 000 signataires ont appuyé la lettre et ledit document a été cosigné par 25 groupes de mouvements citoyens incluant Nature Québec, La fondation David Suzuki, SNAP Québec, Greenpeace, Laure Waridel, etc.

« La densification fait en sorte qu’il devient de plus en plus difficile d’acquérir et de protéger des territoires en zone blanche. Cet étalement urbain mène à l’importante réduction de nos dernières aires vertes au cours des dernières années. Si l’on regarde à l’échelle locale à Chambly, la population est passée d’environ 25 000 à presque 32 000 habitants dans la dernière décennie; c’est un accroissement de 25 %, chiffre M. Labarre. Ce développement a des effets positifs, mais de nombreux négatifs. Les espaces naturels, anciennes terres agricoles, ont été convertis en asphalte, en béton, et ça a un effet sur le réchauffement climatique, crise mondiale », ajoute-t-il.

Bonne santé et bon moral

André Labarre parle de l’importance de la préservation des espaces verts comme le golf en proximité des zones urbaines. « Ces espaces ont des effets bénéfiques sur la santé et le moral des citoyens, d’où l’importance de les protéger. L’ancien golf a déjà été développé presque à la moitié avec les différentes phases de construction de Trigone. On essaie de sauvegarder ce qu’il reste et, en toute intégrité, c’est ce qui avait été présenté à la population en 2012 lorsque ça avait été dézoné pour permettre les deux premières phases à Trigone. Dans la troisième phase, un parcours de golf de neuf trous devait être maintenu. Or, en 2016, la Ville a présenté, avec Trigone, un projet de 570 habitations de plus. Cette fois, il n’y avait plus de golf : c’est là que nous nous sommes sentis floués et que notre mouvement a pris forme », relate le porte-parole de DEVC.

Dernier grand espace vert

« Sur 2 500 hectares en zone urbaine, il ne reste que 35 hectares de terrain à développer, dont les 26 hectares que représente le golf. Quand on dit que c’est le dernier grand espace vert à Chambly, c’est ce que l’on veut dire. Malgré le volumineux développement de Chambly, on est loin des objectifs du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) qui recommande 30 % d’espaces boisés et 17 % d’aires protégées au sens de la loi. Selon le dernier plan d’urbanisme de Chambly, on est à 11,6 % d’espaces boisés et à 1 % d’espaces protégés. On ne les rencontrera jamais, nos objectifs. Donc, ce que l’on dit, c’est que le peu qu’il reste, prenons-en soin et ayons une réflexion sur ce qui est mieux pour les citoyens », met en reflet le militant de DEVC.

Taxes foncières et services publics

La densification rapporte des taxes foncières à la Ville, mais elle requiert en retour des services à rendre. « Il y a un retour financier lié aux biens et aux bénéfices écologiques. C’est malheureusement l’économie qui est moins visible. À titre d’exemple, un arbre peut équivaloir à cinq climatiseurs de maison. Ces terrains absorbent l’eau, captent le carbone, amoindrissent les bruits et les poussières. Ce sont des services qui nous sont rendus de façon gratuite, mais dont on ne tient pas compte dans notre économie. C’est à long terme que c’est payant. »

Soutien de Démocratie Chambly

En 2019, quand l’ancien maire Denis Lavoie avait démissionné, « Démocratie Chambly (DC) s’était prononcée pour la protection du golf. On essaie de ne pas être partisans. Comme je le disais, on souhaite maintenir une intégrité. Ce sont des affiliations/objectifs communs que nous avons avec DC. La mairesse, bien qu’indépendante désormais, est issue de DC. Elle s’est prononcée lors d’une des dernières séances du conseil pour la protection des espaces naturels. Notre objectif est de rallier tous les élus à notre cause. »

« Concernant l’ancien golf, ce dont j’ai pris conscience depuis mon arrivée en poste, c’est qu’une réaction immédiate sans planification serait catastrophique. Développer le site, c’est catastrophique. On a développé une première partie du site et on est pris avec des enjeux de circulation. Il faut adresser ça. Il faut s’occuper de ce qui s’est passé et de ce que ça a donné comme héritage urbanistique. Il faut planifier la suite, mais ça ne se fera pas instantanément. Le geste responsable à poser dans le contexte a été posé par le conseil. Au dernier plan d’urbanisme, on a dit « stop ». Préservons le statu quo et restons en zonage récréatif pour se donner ce pas de recul et prenons le temps de réfléchir. Nous en sommes à l’étape d’acquisition d’information et d’analyse des différents potentiels », fait part Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, qui attend, entre autres, l’étude de circulation en guise de données permettant d’évaluer la suite du dossier.