La présence de Carpe asiatique dans le bassin de Chambly inquiète

La présence de la carpe de roseau, une des quatre espèces de carpe
asiatique, dans le bassin de Chambly, inquiète les autorités. Ce poisson envahissant peut être nuisible. Le bassin est dorénavant un « site
d’intérêt » pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

Un texte de Martine Veillette

Sa capture par un pêcheur sportif, le
16 juillet, a confirmé sa présence dans la région. Le pêcheur a déclaré sa prise au MFFP. Une équipe s’y est alors rendue le jour même, assure-t-on au Ministère.

Sur place, le MFFP a effectué un échantillonnage de l’eau afin de détecter l’ADN environnemental. Les résultats seront connus à l’automne seulement. Des membres du Ministère ont également procédé à une pêche durant trois jours.
« Après la capture et la remise à l’eau d’un grand nombre de poissons, nous n’avons capturé aucune autre carpe de roseau. Nous avons confiance qu’il n’y en avait pas un grand regroupement dans le bassin de Chambly », mentionne Olivier Morissette, Ph. D. biologiste et chef de division des Espèces aquatiques envahissantes au MFFP.

Il ajoute que « le bassin de Chambly représente maintenant un site d’intérêt que nous tenterons de suivre de plus près dans le futur ».

Présence

M. Morissette indique que des traces d’ADN de cette espèce ont été trouvées dans le fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et Québec, ainsi que dans certaines rivières, dont les rivières Richelieu et Saint-François.

Il explique que ce type de poisson a été introduit aux États-Unis dans les années 1970. La carpe était utilisée comme un moyen de biocontrôle des plantes aquatiques, puisqu’elle est « un herbivore vorace qui diminue rapidement la quantité de plantes aquatiques dans un milieu ». Celles utilisées aujourd’hui sont stérilisées. Cependant, deux sites de reproduction ont été répertoriés dans les rivières Sandusky et Maumee du Lac Érié.

Ce poisson a été pêché uniquement deux fois au Québec, soit celui à Chambly et un autre en 2016, dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Contrecœur. M. Morissette croit que ces carpes de roseau peuvent provenir des Grands Lacs.

Marcel Comiré, directeur général du Comité de concertation et de valorisation du Bassin de la rivière Richelieu (COVABAR), souligne que ce poisson « mord très rarement à un hameçon ». La technique d’échantillonnage d’eau est la méthode la plus facile pour suivre la présence de la carpe, selon lui.

Quant aux trois autres espèces de carpe asiatique, aucune présence n’a été détectée pour le moment au Québec.

Inquiétude

La présence de la carpe de roseau inquiète, puisque comme les autres carpes asiatiques, elle se nourrit en grande quantité d’herbiers, qui sont des sites de reproduction, de croissance et un refuge pour plusieurs poissons indigènes.

« Elle représente une menace importante pour les habitats aquatiques et plusieurs espèces de poissons indigènes qui soutiennent des activités économiques importantes, comme la pêche sportive », indique
M. Morissette.

« Le bassin de Chambly représente maintenant un site d’intérêt que nous tenterons de suivre de plus près dans le futur. » – Olivier Morissette

M. Comiré abonde dans le même sens en soulignant qu’on doit éviter sa propagation. Il ajoute : « C’est important que les gens soient sensibilisés. Si l’on en capture une, il faut la sortir et on ne doit pas s’en servir comme appât. »

Interventions

Pour l’instant, « l’équipe du Programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques et autres espèces aquatiques envahissantes, menée par le MFFP, travaille à comprendre la situation des carpes asiatiques au Québec et à réagir le plus rapidement possible », assure
M. Morissette. Elle collabore donc avec différents partenaires, autant canadiens qu’américains dans le bassin des Grands Lacs.

Le MFFP a aussi fait l’analyse de tous les obstacles à la dispersion des carpes asiatiques au Québec, dont un rapport a été publié en 2019. Il vise à identifier les sites à risque et ceux qui représentent les meilleurs endroits où limiter la progression des carpes asiatiques.

Autres espèces envahissantes

La rivière Richelieu et le bassin de Chambly comportent de nombreuses espèces envahissantes, outre la carpe. On y trouve entre autres la tanche, le gardon rouge et la moule zébrée. Il y a également certaines plantes qui sont considérées comme envahissantes.

« On n’a pas fini, souligne M. Comiré. Ça vient avec les bateaux ou par des animaux. Avec le réchauffement climatique, il va sûrement y en avoir d’autres. »

« Toutes ces espèces viennent bien sûr modifier l’environnement et la présence des espèces indigènes. Les impacts, unique ou cumulés, ne sont pas tous bien connus. Le MFFP travaille d’ailleurs à en documenter certains avec l’aide de ces partenaires », indique M. Morissette.