Des ruches en ville dès cet été

Des ruches urbaines seront déployés aux quatre coins de Chambly, incluant au Pôle culture, et seront entretenues aux deux semaines jusqu’en octobre.

« On va avoir des ruches aux quatre coins de la Ville (…) Le calendrier va être sur le site de la Ville (…) Pour ceux qui s’inquiètent, ce ne sont pas des guêpes, elles n’iront pas manger une partie de votre barbecue pendant votre souper. Ce que les abeilles veulent, c’est du pollen. Elles peuvent voyager jusqu’à 3 km pour trouver des fleurs et de l’eau, donc si vous en avez à la maison, plantez des fleurs pour les aider à travailler et à voyager moins loin », a suggéré Amélie Roy, conseillère en environnement au Service des travaux publics, dans le dernier balado produit par la Ville de Chambly. Mme Roy a précisé que les abeilles de ces ruches seront domestiques, et qu’elles ne feront « pas la compétition aux abeilles qui sont déjà sur notre territoire », soit les abeilles dites « indigènes ».

« (Les abeilles) jouent un rôle clé dans un tiers de la production de ce que l’on consomme (…) Elles sont des espèces clé de voûte de notre régime alimentaire. » – Ananda Christophe

C’est l’intérêt citoyen pour le projet de Chloé Parenteau Gallant qui lui a valu d’être retenu par la Ville dans le cadre du budget participatif. Une dizaine de ruches seront ainsi installées à différents endroits de Chambly afin de « sensibiliser la population urbaine aux causes du déclin des abeilles, de rebrancher les urbains à la source de leur alimentation, de transmettre le savoir en apiculture et de promouvoir la biodiversité tout en produisant du miel! », a formulé la Ville, qui fera affaire avec un apiculteur québécois à cette fin. Elle indique aussi que la vente du miel pourra être investie dans le soutien de causes environnementales.

Essentielles pour les humains

« C’est un excellent projet! Je l’encourage fortement! », témoigne Ananda Christophe, écologue et apicultrice urbaine chez Alvéole. « Les abeilles, comme les autres pollinisateurs endémiques, sont essentielles à la pollinisation de milliers d’espèces de plantes et surtout de plantes agricoles. Elles vont butiner les fleurs d’aubergines, de tomates, de melons, de canneberges, de bleuets, d’asperges et même de tilleuls, de trèfles et aussi de pissenlits. Elles jouent un rôle clé dans un tiers de la production de ce que l’on consomme. Les abeilles produisent du miel pour passer l’hiver, et souvent beaucoup de miel. Nous en profitons, c’est sûr, mais aussi de nombreux animaux comme les ratons laveurs, les opossums et les ours. Ils y trouvent une source importante de nourriture grâce aux larves et au miel. Les abeilles aussi vont faire partie du réseau alimentaire. Beaucoup d’espèces d’oiseaux et d’insectes comme les colibris, les merles et les libellules chassent les abeilles. Elles font partie intégrante d’un écosystème important et duquel on dépend. Elles sont une espèces clé de voûte de notre régime alimentaire. »

D’autres exemples

Le milieu scolaire et pédagogique a aussi lancé plusieurs initiatives similaires sur le territoire. L’école chamblyenne William-Latter héberge depuis quelques années une ruche d’abeilles sur le toit de son école, dans le cadre du projet « Miel de la meute », chapeauté par l’Association Foyer – école William-Latter. Dans le cadre de l’initiative, les élèves peuvent observer les abeilles à partir du corridor du 2e étage, la ruche ayant trouvé niche sur le toit de l’école.

« C’est un projet qui conscientise les enfants à l’importance des abeilles au sein de notre écosystème », mets en perspective Remi Collins, directeur de l’école. Celui-ci parle aussi de l’effet captivant que ressentent les élèves qui s’approchent du lieu afin d’observer transporter le pollen d’une fleur à l’autre, répétant cette action des millions de fois par jour et tout cela, en participant à la création du tiers de la nourriture de la planète. « Les élèves et le personnel vivent une expérience enrichissante et unique », a déclaré l’Association Foyer – école William-Latter

Au Centre d’interprétation des énergies renouvelables (CIER) de Richelieu, à l’année longue, on initie les jeunes qui le désirent aux principes des énergies renouvelables, incluant ceux de l’apiculture. Dotés de tout le matériel dont ils ont besoin, les élèves du Centre peuvent y suivre des ateliers d’apiculture et produire leur propre miel. À partir de plus d’une vingtaine de ruches, le miel est produit par les élèves dans des chaudières, puis est laissé à décanter.

Les butineuses en péril

Bien que ces initiatives soient un bon début pour Mme Christophe, il faudrait s’inquiéter de l’étalement urbain et de l’usage de pesticides. « Le développement des zones urbaines diminue les espaces naturels disponibles pour les pollinisateurs. La biodiversité détruite n’est souvent pas replantée. Les villes sont moins diversifiées en espèces végétales que les zones rurales. Les principaux problèmes sont les pesticides, les insecticides, en particulier ceux de types ‘’néonicotinoïdes’’, qui sont souvent aspergés dans les champs. Cela affecte directement le système nerveux des abeilles. Étant donné que ce pesticide se retrouve dans le nectar qui sert à faire du miel, les abeilles qui rentrent contaminent la ruche. Les maladies ou les parasites comme le varroa participent au déclin des abeilles, mais cela reste dans l’équilibre de l’écosystème. Cependant, les changements climatiques actuels dérèglent cet équilibre. »