L’École de sa voie : Repenser l’éducation

Cinthia Savoie a quitté le réseau public de l’enseignement pour créer une école à Chambly, qui, selon elle, répond de façon plus adaptée aux besoins particuliers des élèves et de leurs parents.

À l’École de sa voie, Cinthia estime qu’elle « forme les citoyens conscients, autonomes et responsables de demain » grâce à une approche intégrale qui prend en considération le contexte global de l’enfant au quotidien. « Pour l’instant, j’offre un service personnalisé et un accompagnement individuel aux jeunes du primaire, qui se veut complémentaire de leurs études au sein du réseau scolaire régulier. Je compte toujours offrir ce format de service, mais entends créer une véritable école, dans un avenir rapproché, destinée aux jeunes qui ne fittent pas dans le moule. Cela s’adressera même aux tout-petits afin de leur permettre de mieux orienter leurs apprentissages dès le début. »

Changer les méthodes

Cinthia s’adonne à contribuer à créer une nouvelle pédagogie, celle dont elle rêve pour l’avenir. « Il faut se doter d’une pédagogie qui prend en compte et évalue toutes sortes de compétences utiles, au lieu des critères présentement à l’examen sur papier dans les écoles. Pourquoi évaluer les enfants sur leur capacité à rédiger un texte selon des normes aussi strictes que l’imposition d’un certain nombre de marqueurs de relation, par exemple, quand on pourrait évaluer tant d’autres aptitudes nécessaires pour bien mener sa vie? » La débrouillardise et l’empathie sont alors évoquées.

« Il faut se doter d’une pédagogie qui prend en compte et évalue toutes sortes de compétences utiles (…) » – Cinthia Savoie

Son service, en vigueur depuis deux ans, s’offre généralement en format de dix séances, tantôt avec l’élève, tantôt avec ses parents. « J’aide les jeunes à prendre conscience de leurs blocages inconscients, qui ont des répercussions sur toutes les sphères de leur vie. » Lorsqu’on lui demande si elle permet d’éviter le décrochage pour certains enfants, elle répond que c’est effectivement le cas. « Il y a aussi du coaching de vie au travers de tout cela, par la prise de conscience vers laquelle j’amène les enfants, combiné à mon bagage d’enseignante qui les aide à intégrer les matières incomprises grâce à des outils pédagogiques efficaces. Et la relation avec le parent, non négligeable, entre dans l’équation. Il faut amener les parents à laisser l’espace nécessaire à l’autonomie que leurs enfants doivent développer. » La pédagogue a aussi créé des liens avec divers partenaires vers lesquels elle oriente les élèves pour des besoins spécifiques qui excéderaient son champ de compétence.

La détresse des enseignants

Ayant plus de vingt ans d’expérience de carrière en tant que professeure, elle expose la problématique à l’origine de la crise enseignante telle qu’elle est médiatisée aujourd’hui. « Le discours des enseignants et de leurs syndicats résonne vraiment auprès de moi. J’en comprends la détresse, le manque criant de ressources et la pression exercée sur les enseignants. En 2016, par exemple, on nous imposait des bulletins modifiés, qui avaient des conséquences sur certains enfants, et la responsabilité d’en informer les parents nous revenait à nous. C’était beaucoup trop à gérer. »

Rencontre avec M. Roberge

En 2019, Cinthia fait la rencontre du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en présence de deux amis à elle. Le ministre lui accorde deux entretiens cette année-là afin de discuter d’une possible contribution pour l’École de sa voie au système d’éducation. En janvier 2021, elle envoie un courriel à M. Roberge pour lui réitérer son désir de « faire une plus grande différence auprès des jeunes Québécois(es) ayant des difficultés scolaires ». Cette proposition ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, puisque deux semaines plus tard, l’École de sa voie est inscrite sur la liste des consultants en éducation pour le Ministère. « L’École n’a pas encore été consultée pour une quelconque décision, mais elle est prête à collaborer avec le Ministère afin d’apporter son soutien au réseau scolaire », d’offrir Cinthia.