Fin des cours d’ECR : réactions syndicale et épiscopale

Le ministre de l’Éducation et député de Chambly, Jean-François Roberge, a dévoilé les bases du cours qui remplacera celui d’Éthique et culture religieuse (ECR), soit Culture et citoyenneté québécoise. Les représentants du monde syndical enseignant et de l’Église y réagissent.

« L’ancien cours (…) a fait son temps. Le tout nouveau cours (…) permettra à nos jeunes d’aborder la matière dans une toute nouvelle perspective, une nouvelle vision axée sur qui nous sommes comme Québécois », propose le ministre.

Au programme, on prévoit des notions de culture quant au « génie créatif québécois » et aux artistes illustres, de la sensibilisation au racisme et aux réalités des Premières Nations et Inuits, de l’éducation quant à l’hypersexualisation et de la prévention contre le sexisme et la violence faite aux femmes. Le gouvernement a précisé que l’objectif est de renforcer les principes démocratiques, judiciaires et de laïcité auprès des élèves.

« Selon nous, cette nouvelle s’inscrit dans l’agenda nationaliste de la CAQ. » – Jean-François Guilbault

« L’ancien cours d’Éthique et culture religieuse mettait l’accent sur la religion d’appartenance pour apprendre et comprendre l’autre. Avec le nouveau cours, ça fait partie des éléments, mais ce n’est plus prépondérant », a expliqué M. Roberge en conférence de presse le 24 octobre. « On doit apprendre, à l’école, à aborder des questions sensibles et à demeurer respectueux lorsqu’on est en désaccord », insiste le ministre. « Cette approche fera obstacle aux censeurs et à tous ceux qui s’attaquent à la liberté d’expression en refusant les discours qu’ils désapprouvent. »

La rédaction du programme est toujours en cours et son contenu devra être validé par des pédagogues. Les détails complets du programme sont attendus pour le printemps prochain. Environ trois millions de dollars par année sur trois ans seront investis pour l’implantation de Culture et citoyenneté québécoise. Si l’embauche d’enseignants ne sera pas nécessaire, selon ce qu’a précisé le ministre, les enseignants en poste, eux, devront recevoir une formation pour intégrer le cours.

Réaction du Syndicat de Champlain

Jean-François Guilbault réagit au remplacement du cours d’ECR.

« Selon nous, cette nouvelle s’inscrit dans l’agenda nationaliste de la CAQ », entame le président du Syndicat de Champlain, Jean-François Guilbault. « Dans la conférence de presse, on a fait l’éloge d’une consultation à grande échelle, mais cette consultation n’a pas nécessairement ciblé les groupes d’intérêt. C’est là que réside la problématique. Le groupe d’intérêt des enseignants s’est fondu à travers la consultation de masse lancée. Les enseignants n’ont représenté que 2 ou 3 % de l’échantillon consulté. On a donc, d’une part, un problème quant à leur représentation. D’autre part, on n’a jamais procédé au bilan du cours d’ECR, qui aurait pourtant permis d’en tirer des leçons. Ce bilan est réclamé par les enseignants depuis plusieurs années. Ils ont fait des recommandations et des demandes de modification pour l’améliorer, mais il n’y a pas eu d’échos du côté du gouvernement. Nous sommes perplexes face à l’opacité que nous voyons à cette consultation. »

Les évêques réagissent

L’Assemblée des évêques catholiques du Québec a également critiqué le changement au cursus scolaire, puisque les évêques « croient qu’un accroissement de la méconnaissance du fait religieux en découlera inévitablement. Cette méconnaissance risque, en retour, de nourrir les préjugés et d’augmenter la polarisation sociale plutôt que d’aider les élèves à cheminer vers la reconnaissance de l’autre et la poursuite du bien commun », a plaidé l’Assemblée par voie de communiqué, le 25 octobre dernier.

Le cours sera déployé de façon progressive et volontaire à la rentrée 2022, puis instauré dans l’ensemble du réseau en septembre 2023, au primaire comme au secondaire.