Des parents se tournent vers l’école à domicile

Avec la pandémie qui perdure, certains parents ont pris la décision de scolariser leurs enfants à la maison. Les chiffres du ministère de l’Éducation montrent une hausse comparativement à l’an dernier.

Au ministère de l’Éducation, on mentionne que pour l‘année 2019-2020, un peu moins de 6000 élèves étaient scolarisés à la maison, en date du 10 mars. Pour l‘année scolaire 2020-2021, 7367 enfants étudieront à leur domicile. Au total en 2019, il y avait 1 067 857 enfants d’âge scolaire primaire et secondaire. Les parents peuvent à tout moment, dans un délai de dix jours, choisir de scolariser leur enfant à la maison ou de lui faire fréquenter une école.

Au Centre de services scolaires des Hautes-Rivières, 78 enfants seront scolarisés à la maison. Il y en avait 69 l’an dernier. Le journal n’a pas obtenu les chiffres pour le Centre de services scolaire des Patriotes.

L’Association québécoise pour l’éducation à domicile (AQED) note une hausse de 30 % de demandes pour être membre depuis le début de l’été. La présidente souligne qu’habituellement, l’association recense entre 850 et 900 membres. Cette année, les adhérents dépassent les 1200 personnes à travers le Québec.

« Depuis le début de la pandémie, on a vu une augmentation de personnes sur nos pages Facebook publiques. Cet été, on a connu une hausse des demandes pour être membres et particulièrement depuis l’annonce du ministre (du 10 août) », indique Marine Dumond, présidente de l’AQED.

« Une des raisons principales de cet engouement, ce sont des parents qui ne veulent pas que leur enfant retourne physiquement à l’école. » – Marine Dumond

Diverses raisons

La présidente explique cette situation par diverses raisons, mais certaines reviennent plus souvent.

« Une des raisons principales de cet engouement, ce sont des parents qui ne veulent pas que leur enfant retourne physiquement à l’école. Mais ils ne peuvent obtenir le papier du médecin nécessaire pour l’exempter. L’école à la maison devient donc attirante. Il y a aussi des familles pour qui l’expérience du printemps leur a permis de voir les bienfaits de cette façon de faire et qui veulent en faire un projet à long terme », relate-t-elle.

Mme Dumond souligne que généralement, environ les deux tiers des membres sont des écoliers au primaire et le tiers de ceux-ci sont au secondaire. « Il arrive que les jeunes rendus au secondaire préfèrent retourner à l’école. Mais certains élèves entrent au cégep et n’ont jamais été à l’école avant », dit-elle.

Quelques étapes

Avant de se lancer dans cette aventure, il est important de s’informer des obligations des parents pour la scolarisation de leur progéniture et des étapes à suivre.

Un avis doit d’abord être envoyé au ministère de l’Éducation pour signaler son intention. Un modèle est publié sur son site. Ensuite, les parents devront présenter un projet d’apprentissage, soit ce qu’ils prévoient faire au cours de l’année, ainsi que des bilans de progression et des états de situation en cours d’année. À la fin, une évaluation doit être effectuée par l’une des cinq options qui s’offrent à eux. Une rencontre est aussi prévue avec un chargé de suivi du Ministère. L’information est affichée sur le site de ce dernier.

« Les parents qui débutent doivent être au courant de ce genre de chose », spécifie la présidente de l’AQED. Elle ajoute qu’une fois que l’avis est envoyé au Ministère, c’est le parent qui a la responsabilité de la scolarisation.

Pour ce qui est des apprentissages, Mme Dumond conseille au parent de procéder par essais et erreurs et de garder espoir. « Il ne faut pas paniquer. Si une méthode ne fonctionne pas, il faut en essayer une autre », mentionne-t-elle.

Plusieurs réseaux de parents sont aussi accessibles pour s’entraider et partager des trucs et des conseils.

Nouvelles conditions

Une nouvelle politique gouvernementale encadrant l’école à la maison est entrée en vigueur récemment. Selon Mme Dumond, elle est venue resserrer le suivi de l’éducation à domicile.

Dès l’année scolaire 2021-2022, tous les élèves devront passer les examens du Ministère. Les parents doivent montrer les mêmes compétences que le programme québécois.

« Avant, ils avaient plus de liberté éducative et le choix des objectifs. Là, ils doivent suivre le programme. Par exemple, en histoire, les parents montraient parfois l’histoire du monde avant celle du Québec. Le programme commence par l’histoire du Québec; il faut donc l’introduire plus vite. Parfois, ça sort de la logique que la famille pense pour l’éducation de son enfant », cite Mme Dumond.

La présidente aimerait aussi que la Table de concertation nationale en matière d’enseignement à la maison soit réinstallée afin que le droit d’éducation des enfants soit protégé.