Des enfants comme les autres

Une pétition lancée par une maman chamblyenne engagée a déjà amassé plus de 90 signatures, revendiquant le droit à la scolarisation à Chambly pour les enfants à besoins particuliers.

« On n’a pas de classes adaptées, ni au primaire, ni au secondaire à Chambly », rapporte Julie Branco, à l’origine de la pétition et dont le fils autiste, Colin, devra fort probablement entamer son secondaire à domicile. « Je devrai lui faire l’école à la maison parce que, sinon, mon fils n’aura plus envie de se lever le matin. »

Ballotté tout au long de sa scolarité

Comme beaucoup d’enfants dans sa situation, Colin a grandi en étant « ballotté » d’une école à l’autre, dû à un manque de ressources pour élèves à besoins particuliers. Il passera sa maternelle à l’école de la Passerelle, à Chambly, dans une classe TSA (trouble du syndrome de l’autisme), avant d’être envoyé à Varennes. « On nous a dit que l’on y était plus à même de répondre à ses besoins. Il y a été scolarisé pendant trois ans, au cours desquels il a subi des trajets d’une heure et demie au minimum, matin et soir, parce qu’il n’avait pas de services adaptés ici », d’indiquer sa mère.

« Je devrai lui faire l’école à la maison parce que, sinon, mon fils n’aura plus envie de se lever le matin. » – Julie Branco

« Cette année, il doit entrer au secondaire. Nous voulions qu’il aille à l’école secondaire du Mont-Bruno, puisque ses amis y vont et qu’elle est proche, mais on s’est fait dire qu’il faudra l’envoyer à Polybel (à Belœil). S’il va là, il rentrera vers 17 h 30 et ne pourra plus aller à la Maison des jeunes, qui n’est ouverte que jusqu’à 18 h. Colin est habitué à aller à la Maison des jeunes, alors il ne veut pas aller à Polybel. J’ai averti les instances éducatives du fait que s’il ne va pas à Mont-Bruno, je serai obligée de m’organiser pour lui faire l’école à la maison », a déclaré Julie, qui appréhende la complexité de la chose en raison de possibles conflits d’horaire avec son travail en comptabilité et ses autres activités en parallèle.

Une liste de priorités

Elle s’est adressée au Centre de services scolaire ainsi qu’au cabinet du ministre de l’Éducation et député de Chambly, Jean-François Roberge, pour qu’une place en classe adaptée lui soit débloquée. On lui a répondu que les places disponibles étaient attribuées aux enfants vivant à proximité ou ayant de « la fraternité » fréquentant l’établissement, ce qui ne faisait pas de son fils un cas prioritaire.

Sandra Paquette, autre maman de Chambly et signataire de la pétition, fait valoir ses propres inquiétudes : « Mon fils de quatre ans étant autiste, TDA et ayant un gros trouble de compréhension, il entrera dans une classe relocalisée en septembre 2021. Un si petit coco se tapera toute cette distance loin de son domicile, loin de sa maman. » Sandra étant handicapée, elle craint de devoir un jour aller le chercher en urgence, considérant la difficulté de ses déplacements, « car les autobus ne se rendent pas là-bas ». Elle s’explique mal que l’on transfère des élèves de Carignan vers Chambly pour les mêmes besoins, alors que « les jeunes à besoins particuliers de Chambly n’ont même pas accès aux écoles de leur propre ville. C’est totalement inconcevable! », insiste-t-elle.

Les revendications

Les mères signataires souhaitent que des classes d’adaptation scolaire « de types FA (formation adaptée), DSC (développement social et communicatif) et autres soient disponibles dès la rentrée scolaire de septembre 2023 », date à laquelle les travaux d’agrandissement de l’école secondaire de Chambly devraient être terminés. En entrevue avec le journal, la directrice de l’école, Caroline Gaigeard, a soutenu que c’était prévu, mais qu’elle ne pouvait le garantir pour septembre 2023 et qu’il était également trop tôt pour déterminer la capacité d’accueil de ces classes. « Mais c’est au programme », nous confirme-t-elle.

La réponse des instances éducatives

Du côté du bureau de circonscription du ministre de l’Éducation et député de Chambly, on dit avoir « été interpellé par quelques citoyens sur le sujet et nous avons fait les suivis avec les parents concernés. La décision d’ouvrir des classes adaptées dans les écoles relève du Centre de services scolaire des Patriotes selon différents facteurs. Nous restons en communication avec le CSS à cet effet ». On nous a également fait part de données concernant les classes spécialisées, affirmant que pour l’année 2019-2020, l’objectif d’ajouter 150 classes avait été atteint, et que pour 2020-2021, on avait veillé à la bonification de la mesure, avec 150 classes additionnelles financées. On rapporte finalement la satisfaction d’un « objectif dépassé » avec 365 classes ouvertes depuis 2019, alors que la cible était d’en ouvrir 300.

Pour Julie, « même dans le meilleur des scénarios, Colin perdra deux ans ». Elle se remémore les années de scolarité au cours desquelles son fils s’épanouissait parmi ses camarades et réussissait très bien. « Il a des dispositions en anglais, il est mature, sociable, joue au hockey avec les autres et malgré tout ce potentiel, il doit s’isoler tout simplement parce qu’on ne lui donne pas les ressources qu’il mérite. » Elle espère que la cause, portée par de plus en plus de parents, trouvera le soutien attendu afin que les enfants à besoins particuliers puissent aller à la même école que leurs frères et sœurs et leurs amis, « car au fond, c’est quoi, être normal? »