Des bulles nébuleuses?
Le plan de la rentrée scolaire du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a été conçu de pair avec la santé publique. Concrètement, sur le terrain, qu’en est-il du réalisme de certaines directives concernant les services de garde en milieu scolaire?
« On commence à avoir des réponses. Est-ce que le plan s’appliquera de façon sécuritaire, est-ce que ça va bien se faire? La réponse à la fin sera oui, car les gens vont mettre l’épaule à la roue et se relever les manches pour que ça marche. Par contre, est-ce que ce sera à l’image de ce que le ministre a dit que ça allait être? La réponse est non », tranche d’office Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain, personnel enseignant et de soutien.
Un des aspects qui semble représenter un défi de taille pour les services de garde est le respect de ce qui a été défini comme étant la bulle-classe ou groupe-classe.
« Dans le groupe d’une éducatrice, il peut y avoir l’équivalent de 3 à 5 groupes d’élèves mélangés. À ce moment, la bulle-classe va exploser à 15 h 15. De ce que l’on comprend, c’est que, oui, il y aura des bulles, mais il y en aura plusieurs pour l’élève. Il a sa bulle de transport scolaire, ensuite, il quitte cette bulle pour rejoindre sa bulle-classe et, en fin de compte, au service de garde, il aura une autre bulle, car, mathématiquement, ça ne fonctionne pas », met en lumière le président du syndicat.
Par « mathématiquement, ça ne fonctionne pas », Éric Gingras expose le fait que le ratio d’enfants est de 20 par éducatrice. Or, si dans une bulle-classe 12 enfants fréquentent le service de garde, les 8 places à combler devraient logiquement provenir d’une ou plusieurs autres bulles-classes. « Donc, la bulle n’existera pas. Est-ce que ce sera sécuritaire? On va s’arranger pour que ce le soit, mais cessons de dire que ce sera la même bulle », complète-t-il.
« Il y a des exceptions prévues dans le plan dès le départ. On sait bien que dans le transport, par exemple, les élèves ne sont pas assis en fonction des élèves qui sont dans leur classe. Par contre, chaque fois qu’on peut le faire (respecter une unité de bulle-classe) on doit le faire. C’est la consigne qui est claire depuis la mi-juin », réplique le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.
Pénurie
Quand on parle de réseau scolaire, le mot « pénurie » est un incontournable et résonne perpétuellement. Cette rentrée scolaire ne fait pas exception à la règle. Deux semaines avant la rentrée scolaire, en ce qui a trait au poste d’éducatrice, 177 contrats demeuraient à combler sur un total d’environ 750 contrats.
« Oui, les contrats seront comblés à la dernière minute pour la rentrée, mais le fait demeure qu’il y a pénurie. Le problème est que dès qu’il y aura une absence, une maladie, un congé de maternité, tu n’as pas d’options, car ton bassin de remplacement est vide », persiste et signe M. Gingras, dont 20 à 25 % des membres font partie du personnel des services de garde en milieu scolaire.
Statut des services de garde
Certains enfants passent au quotidien pratiquement autant de temps au service de garde sinon plus qu’en classe. Quel est le statut du service de garde dans l’œil du réseau scolaire?
« C’est encore peu valorisé. Ça commence avec la tête, le ministre, qui, en conférence de presse, peine à les nommer. Le service de garde est un élément fondamental dans une école. Ils ont vécu les services de garde d‘urgence au printemps dernier sans reconnaissance ni valorisation, ni prime d’ange gardien. En cette période de négociations, avec les offres salariales qu’on leur offre au niveau des conditions de travail, on montre bien qu’on ne s’en préoccupe pas encore beaucoup », conclut le chef syndical.
« Je pense que c’est une intervention, parfois, de syndicats qui veulent prendre la parole dans un contexte de négociations syndicales. Il faut se le dire, la semaine dernière, le porte-parole national des employés de soutien est allé à la télévision pour dire qu’il n’avait pas de contact avec le ministre. Au même moment qu’il faisait cela, il ratait son rendez-vous avec les membres de mon cabinet. Parfois, il faut en prendre et en laisser. Ça illustre que certains sont en mode solution alors que d‘autres cherchent autre chose », boucle M. Roberge, député de Chambly.