Un épicier craint de devenir une poubelle avec l’arrivée de la consigne

Un propriétaire d’épicerie de la région entend se battre pour ne pas avoir à récupérer l’ensemble des contenants visés par la nouvelle consigne gouvernementale, une responsabilité qu’il jugerait contraire à sa mission de détaillant alimentaire.

« Moi, je vais me battre longtemps pour ne pas ramasser ça. C’est impensable de faire ça tout en gardant le contexte de salubrité qu’on doit avoir dans le domaine alimentaire », a indiqué au Journal de Chambly Bruno Lambert, propriétaire de huit IGA en Montérégie, dont celui de Chambly.

« Commencer à devenir la poubelle de tout le monde, c’est loin d’être la situation idéale pour les épiciers. » – Bruno Lambert

Le gouvernement de François Legault a annoncé le 30 janvier qu’il élargira la consigne à tous les contenants de boisson prête à boire de 100 millilitres à 2 litres, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal. Les contenants de type carton multicouches seront également visés, mais dans un second temps.

Or, il a également spécifié que le réseau de récupération serait notamment constitué de points de récupération chez des détaillants, ce qui a fait bondir l’Association des détaillants en alimentation du Québec, dont M. Lambert fait partie.

Selon ce dernier, c’est l’entrée de plusieurs matières potentiellement souillées dans l’épicerie qui cause problème en ce qui a trait à la salubrité alimentaire.

« Commencer à devenir la poubelle de tout le monde, c’est loin d’être la situation idéale pour les épiciers », a pesté M. Lambert, qui n’est pas en soi opposé au principe de la consigne.

Espace restreint

La question de l’espace disponible est également un enjeu. Avec la quantité de bouteilles qu’il appréhende recevoir, l’homme d’affaires voit mal comment il pourrait les récupérer sans avoir besoin de les briser. Même cette dernière option, qui demanderait moins d’espace, reste potentiellement problématique selon lui.

« Du verre, c’est pesant. Ça prend tout un système pour mettre le verre cassé dans un contenant. Ça pourrait amener des contraintes d’opération qui, je crois, risquent d’être dangereuses », a-t-il expliqué.

Sans compter le personnel qui doit être engagé pour effectuer ces nouvelles tâches, dans un contexte où la main-d’œuvre est rare.

« Tu veux mettre des consignes sur tous ces produits-là, c’est sûr que quelqu’un doit les ramasser quelque part. Mais ça ne peut pas être nous autres. Impossible… », insiste-t-il.

Pas clair

L’épicier espère que le gouvernement sera prêt à écouter les différents acteurs du milieu pour en arriver à une solution satisfaisante pour tous.

« Tout n’est pas nécessairement clair. Il faudra qu’on mette de la pression pour en savoir plus. On a l’impression, parfois, que les projets sont lancés sans être ficelés et qu’il faut que les gens s’en mêlent pour que ça aboutisse à quelque chose de mieux coordonné », a-t-il expliqué.

Présentement, les épiceries assurent la récupération des bouteilles de bière et des canettes d’aluminium, des contenants qui sont déjà consignés. La nouvelle consigne proposée sera fixée à 0,25 $ pour les contenants de vin et de spiritueux et à 0,10 $ pour tous les autres contenants consignés.