Les finances personnelles moins bien comprises en Montérégie qu'ailleurs au Canada

Les citoyens de la Montérégie sont moins au fait de leur finances personnelles que les citoyens du reste du Canada, révèle une enquête réalisée par la firme Credo Consuling pour le compte de TC Media

Les données sur la littératie financière indiquent que 70% des Montérégiens estiment avoir de bonnes connaissances financières alors que cette proportion grimpe à 72% pour l’ensemble du Canada. Cette enquête a été réalisée auprès de 9000 Canadiens.

Gérer ses finances personnelles semble parfois difficile pour les Montérégiens. À peine 10% d’entre eux considèrent être en avance sur leurs attentes financières, contre 17% pour l’ensemble des Canadiens.

Prudents, les citoyens de la région sont moins endettés que les autres résidents du pays et évitent davantage les risques financiers. Ils ont aussi plus nombreux à détenir une hypothèque et investissent moins dans d’autres domaines.

Connaissances limitées

Angela Iermieri, planificatrice financière pour Gestion Patrimoine Desjardins, n’est pas surprise de ces données.

Elle note qu’en général, les gens n’ont très souvent pas les connaissances et encore moins la confiance pour gérer leurs affaires. «Ils ne sont pas à l’aise pour gérer leurs placements de façon autonome», affirme-t-elle.

Même son de cloche du côté du planificateur financier Bernard Beauchamps: «Les gens assurent leur maison, leurs meubles, mais pas leur sécurité financière. Qu’est-ce qui arrivera quand ils vont tomber malades?»

Les questions financières sont souvent des sujets peu discutés par les Québécois et les Montérégiens.

M. Beauchamps, qui travaille sur la Rive-Sud depuis 37 ans, croit que les travailleurs ne s’informent pas suffisamment sur leur situation financière.

«C’est vrai, mais on sent que cela s’améliore un peu avec l’arrivée d’Internet et des médias sociaux, nuance Angela Iermieri. Les gens sont laissés à eux-mêmes pour préparer leur retraite. C’est pour cette raison qu’ils ne doivent pas hésiter à poser des questions aux conseillers en placement. Ils doivent utiliser les outils qui sont à leur disposition.»

Endettement

Hélène Hétu, consultante budgétaire à l’ACEF Rive-Sud, considère que la littératie financière n’est pas le point fort des personnes qu’elle rencontre en consultation, particulièrement en ce qui a trait au crédit.

«Les gens sont de plus en plus endettés. Ils ont deux ou trois cartes de crédit qu’ils ne peuvent plus rembourser. 65% des gens qui viennent nous consulter sont en situation d’endettement.»

Elle est surprise de voir qu’en Montérégie, les personnes âgées sont plus endettées qu’avant. «Elles arrivent à la retraite avec des dettes importantes. C’est un phénomène nouveau», raconte-t-elle.

L’ACEF Rive-Sud, qui rencontre plus de 300 personnes annuellement, offre régulièrement des formations et des séances d’information sur les solutions financières.

Enseigner la littératie financière à l’école

La plupart des experts financiers interviewés s’entendent: il faut enseigner la littératie financière aux jeunes.

«Il faut le faire à tous les niveaux. Chez Desjardins, cela fait 30 ans qu’on tente d’éduquer les jeunes, souligne Angela Iermieri. Je pense qu’une formation donnée à l’école, aux plus jeunes, serait une bonne chose.»

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a d’ailleurs annoncé il y a quelques semaines, la réintroduction des cours obligatoires d’éducation économique au secondaire.

Troisième au monde

On dit souvent que les carences en littératie financière, que l’éditorialiste de La Presse Alain Dubuc qualifie «d’analphabétisme financier», sont plus grandes au Québec qu’ailleurs au Canada.

Il faut dire cependant que le Canada se classe au troisième rang des pays qui ont les meilleurs niveaux généraux de littératie financière, derrière la France et la Finlande, selon un rapport de l’Organisation de la coopération et de développement économiques (OCDE). Le Canada arrive à égalité avec la Norvège.

Les Canadiens affichent, en général, de saines habitudes, comme l’établissement et l’atteinte d’objectifs financiers à long terme et la surveillance de leurs finances personnelles, indique l’OCDE.