L’acériculture en péril ?

Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) se montrent inquiets devant la Stratégie nationale de production de bois présentée par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) le 16 décembre dernier.

Visant une relance économique, le ministre Pierre Dufour entend augmenter la récolte forestière d’ici 2080 de façon significative. Les PPAQ se disent oubliés dans ce plan de relance, et estiment que c’est leur propre secteur économique qui en pâtira.

Dans son plan stratégique, le Ministère soutient que « le Gouvernement du Québec franchit ici une étape charnière qui fera grandement progresser la foresterie québécoise. Il cultivera notre richesse collective à partir du bois en privilégiant une approche axée sur l’augmentation de la productivité des forêts aménagées tout en améliorant les caractéristiques de la matière ligneuse pour favoriser la récolte d’un plus grand volume de bois qui répond aux besoins de l’industrie forestière (…) Cette stratégie s’inscrit d’ailleurs dans le cadre du plan de relance économique du Québec, et ce, en donnant une place prépondérante au secteur forestier pour contribuer à la relance du Québec et de ses régions. »

72 %
C’est la part de marché que représente la production québécoise dans le marché mondial de sirop d’érable

Selon les PPAQ, « cette stratégie (…) ne tient pas compte d’une économie propre au Québec, réellement durable, soit celle de l’économie du sirop d’érable. » Pour eux, il faut se demander à quel point le Québec tient à son acériculture lorsqu’on envisage de couper deux fois plus de bois.

Notons qu’au Québec, ce sont pas moins de 902 municipalités dont le secteur forestier génère d’importantes retombées économiques, représentant 2 % de l’activité économique globale du Québec en 2018, avec un produit intérieur brut (PIB) de 6,5 milliards de dollars (G$), et 60 000 emplois qui en dépendent. On recense 11 300 producteurs et productrices, et 7 400 entreprises acéricoles assurant en moyenne 72 % de la production mondiale de sirop d’érable chaque année.

L’industrie acéricole constitue également une richesse locale, puisqu’une importante communauté de producteurs acéricoles est établie en Montérégie-est, soit 39 et 37 dans les MRC de La Vallée-du-Richelieu et de Rouville. À Rougemont, Richelieu, et Marieville, on compte bon nombre d’érablières et transformateurs réputés pour leurs produits du temps des sucres, dont Mont Rouge, Broleau, la Cabane Chez Nous, Tartopom (verger biologique et érablière), ou encore l’Érablière Raymond Meunier & Fils. « En tant que producteur du milieu acéricole, je privilégie de préserver nos boisés le plus possible. Cette année d’ailleurs, je prévois justement reboiser une partie de la plantation d’érables pour la prochaine génération, notamment pour mes trois enfants, que je vois comme ma relève. », indique Philippe Meunier de l’Érablière Raymond Meunier & Fils.

L’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (OIFQ) a quant à lui accueilli la Stratégie du gouvernement avec ouverture, sans toutefois se garder d’émettre quelques doutes quant à la faisabilité du dessein ministériel : « Les objectifs et les moyens de la Stratégie sont clairs. Mais pour que cela se concrétise réellement sur le terrain, le MFFP et les utilisateurs du milieu forestier devront collaborer afin de revoir certaines de leurs façons de faire. »

Question aux lecteurs :

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