Hausse du prix de l’acier : une PME de Chambly forcée de construire à perte

En raison de l’explosion du coût de l’acier depuis le début de la pandémie, l’entreprise familiale Structures Sim-Con, à Chambly, en est réduite à devoir construire à perte, du jamais-vu pour la PME.

« Nous avons trois écoles à construire, dont une à Montréal et deux à Laval », raconte Isabelle Grenier, présidente de la compagnie, spécialisée dans la fabrication et l’installation de structures d’acier depuis 1982. « Le prix de l’acier a presque doublé. On a de la misère à s’approvisionner », se désole-t-elle.

Sur le total des pertes engendrées, qui s’élèvent pour l’instant à 600 000 $, tous projets confondus, elle rapporte un déficit de 280 000 $ pour les chantiers des écoles, incluant une perte de 180 000 $, attribuable rien qu’au projet de construction de l’école primaire à Montréal.

« Le prix de l’acier a presque doublé. On a de la misère à s’approvisionner. » – Isabelle Grenier

La clientèle au public, déconnectée

« En ce moment, c’est le secteur privé qui absorbe la hausse. Au public, c’est le contraire. J’ai de la difficulté avec le projet Airbus, commandé par le ministère du Transport. Il va falloir que je me batte. Ce n’est pas normal. Comment se fait-il qu’au privé, on comprenne mieux qu’au public la situation? »

Quant aux écoles, elle estime que le problème est lié à une méconnaissance de certains principes à connaître lorsqu’on travaille avec des sous-traitants en construction. « C’est que l’on fait affaire avec des centres de services scolaires, dont le travail est de gérer les budgets. Ils ne pensent pas aux coûts monétaires des sous-traitants et ne possèdent pas les compétences ni les connaissances des règlements du milieu de la construction. »

Se défendre contre les abus potentiels

« On m’a fait part de l’existence d’une jurisprudence se référant au document rédigé par le Conseil du trésor, mentionnant qu’à l’octroi de tous contrats, on est tenus d’aider les entrepreneurs et de ne pas leur nuire », rapporte Mme Grenier, estimant le renseignement utile pour tout entrepreneur victime d’abus. « Le Conseil du trésor recommande d’aider l’entrepreneur par différents moyens, notamment en libérant des revenus avant le temps. Mais pour ça non plus, nous ne trouvons pas d’oreille réceptive. C’est un débat de sourds. »

Mme Grenier espère faire avancer sa cause auprès du député de Chambly, Jean-François Roberge, qu’elle a interpellé à ce sujet. En attendant, elle doit prendre son mal en patience et composer avec le stress généré par le trou à son budget, « car nous faisons aussi vivre beaucoup de gens que l’on engage à Chambly. Une cinquantaine d’employés dépendent de notre entreprise et c’est comme ça depuis 1982! », de conclure Mme Grenier.