Alphabétisation

Une aide cruciale

L’analphabétisation est bien présente au Québec. L’association marievilloise Éduc à tout oeuvre pour aider des jeunes à reprendre leur parcours scolaire ou tracer leur chemin professionnel.

À 70 ans, Jacques Tétreault n’a pas perdu de son enthousiasme. Dans son étroit bureau du centre d’action de bénévole de Marieville, le diplômé en psychopédagogie travaille tous les jours pour aider des jeunes, bien souvent encore aux études, et des migrants à intégrer la société grâce à l’association Éduc à tout.

Avec un budget d’environ 120 000$ par an, les professeurs travaillent en collaboration avec le Centre Jeunesse de Montérégie. « Nous sommes trois permanents travaillant 20 heures par semaine et trois temporaires. On aide 135 personnes cette année en alphabétisation et francisation, précise Jacques Tétreault, directeur de la structure. On aimerait bien faire davantage mais nous sommes limités par notre budget. »

« La famille est la raison principale de 80% des décrochages scolaires. » – Jacques Tétreault

Les enfants encadrés bénéficient d’un soutien personnalisé et demandent énormément d’attention. « Notre but est que les jeunes puissent lire, écrire et comprendre la règle de 3, poursuit le président. À partir de là, ils peuvent travailler. Nous voulons aussi les enfants puissent passer le stade de l’analphabétisation pour embarquer en Secondaire 1. Pour ceux qui sont en Secondaire 3, nous proposons une équivalence pour passer au Secondaire 4 et 5 afin, pourquoi pas, d’aller au Cégep. Nous voulons que ces jeunes puissent avoir une vraie chance dans un système qui va trop vite pour eux. Lorsqu’ils y arrivent, ils ont un diplôme de l’Assemblée Nationale pour la persévérance scolaire. »

Pour les migrants

L’association À Go, on lit! lance sa sixième édition et affirme que le Québec souffre d’un taux d’analphabétisation de 19% et que 34,3% des Québécois ont des grosses difficultés en terme de lecture. Un phénomène que valide Jacques Tétreault. « La ceinture de pauvreté était à hauteur de Marieville auparavant, maintenant elle est à Saint-Césaire. La famille est la raison principale de 80% des décrochages scolaires. Il existe un lien entre la réussite scolaire et le parcours scolaire de la mère. Pour certains enfants, l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans, il faut y être présent et cela ne va pas plus loin. Alors quand on aide un jeune, c’est tout un entourage qui embarque! Nous nous efforçons de mettre ces jeunes en confiance et après la machine est lancée. »

L’autre défi d’Éduc à tout est la francisation. « Chambly a vu son nombre de migrants exploser!, souligne le psychopédagogue, directeur de l’association depuis 2015. Cela engendre des problèmes de loyers et d’intégrations sociale et professionnelle. La Relance est une structure qui donne des cours mais tous les migrants ne sont pas forcément disponibles aux heures proposées. Alors nous venons en soutien. »

Auparavant appelé Comité d’Alphabétisation Local de Marieville (CALM), Éduc à tout a fêté ses 40 ans l’année dernière. « Notre défi est de trouver plus d’argent pour offrir davantage de services, assure Jacques Tétrault. Nous avons des enseignants à la retraite qui seraient prêts à aider. Ma soeur en fait partie. Elle aime prendre des cas difficiles pour les voir progresser. Notre activité demande de la pédagogie. »

Éduc à tout, 146, chemin du Ruisseau-Barré, Marieville.