Un spectacle pour les adoptés et les adoptants

L’adoption est un périple complexe nécessitant patience accrue et ressources financières déployées. L’histoire de la Chamblyenne Véronique Boivin ne fait pas exception à la règle.

Véronique Boivin est vice-présidente du conseil d’administration du RAIS Ressource Adoption. L’organisme communautaire a pour but de soutenir les personnes adoptées ainsi que les parents adoptants.

Au cabaret Lion d’Or de Montréal, le 19 février, le RAIS présente un spectacle musical afin d’amasser des fonds pour offrir des services aux adoptés et aux adoptants. Étant mère adoptive, Mme Boivin connaît la chanson et a chanté le refrain.

« Nous avons adopté Liam en 2017, un Vietnamien. Il avait vingt mois. Il a maintenant quatre ans et demi », dit d’emblée Véronique Boivin, qui a choisi le Vietnam car le pays fournit un dossier médical de l’enfant, contrairement à des pays comme la Russie ou l’Ukraine, qui n’offrent qu’une photo avec un nom.

L’adoption semblait tracée dans le destin de la famille. Avant même de connaître ses problèmes de fertilité, Mme Boivin, de concert avec son conjoint, envisageait d’adopter.

« Au lieu d’un enfant biologique et deux enfants adoptés, nous ne nous tournerons que vers l’adoption », solutionne la Chamblyenne, qui est actuellement en processus d’agrandir la famille, optant cette fois pour un enfant de la Montérégie.

Une attente infinie

La patience est une vertu, particulièrement en matière d’adoption internationale.

« Il faut tout d’abord trouver un organisme d’adoption pour nous parrainer; signer un contrat avec l’organisme; passer des évaluations psychosociales avec la DPJ. Entre le moment où nous avons signé le contrat et celui où nous avons eu l’enfant, cinq ans se sont écoulés », relate l’infirmière.

Cinq ans, ça semble long avant que ne se concrétise l’ultime aboutissement.

« Entre le moment où nous avons signé le contrat et celui où nous avons eu l’enfant, ça a pris environ cinq ans. » – Véronique Boivin

« Nous sommes à la merci des délais des pays étrangers. Ce que nous avions à faire au Québec s’est fait rapidement. Après deux ans d’attente, le Vietnam a fermé l’adoption internationale pendant un an pour faire une refonte de son processus, processus dans lequel le pays a augmenté les frais. On savait que ça allait rouvrir, mais on ne savait pas quand. On a continué d’attendre », se souvient-elle, résignante.

Incluant les frais de voyage, les frais de traduction, les frais que la famille a donnés au pays et à l’orphelinat, puis l’évaluation psychosociale, l’adoption aura coûté 50 000 $ à la famille déterminée.

Histoire de Liam

Se soucie-t-on du bagage génétique de l’enfant étranger qui deviendra le nôtre?

« Nous avons très peu d’information sur son histoire. C’est une nounou à l’orphelinat qui l’a trouvé à l’entrée de l’orphelinat. Elle l’avait nommé Hoang Phuoc. Elle s’est occupée de lui avec amour. C’est tout ce que nous avons; il n’y a aucune information sur ses parents biologiques », résume la v.-p. du C.A. du RAIS.

Enfants en mauvaise santé

Le Vietnam a un statut d’adoption pouvant surprendre les néophytes du domaine.

« Il faut faire le deuil d’un enfant parfait, en ce sens qu’au Vietnam, on ne peut pas adopter d’enfant en bonne santé. Le pays ne les laisse pas partir. Nous avons donc une liste de besoins spéciaux qu’on accepte ou non en tant que parents. Il nous faut être prêts à ce que l’enfant ait des problèmes de santé, des carences affectives, des carences nutritives pouvant laisser des séquelles à l’enfant », déclare la mère.

Le dossier médical de Liam indiquait qu’il souffrait de thalassémie, une maladie du sang. Or, le diagnostic s’est avéré négatif une fois au Québec, démontrant plutôt une anémie.

Comme un kidnapping

L’adoption représente un beau geste pour aider un enfant, mais ce n’est pas une histoire de licorne et d’arc-en-ciel dès le départ.

« Pour l’enfant, quand on va le chercher, c’est comme un kidnapping. Il ne sait pas que sa vie va changer positivement. On l’arrache à tout ce qu’il connaît. Il était en état de choc pendant les premières semaines avec nous. Dans son comportement, il était anxieux. Les enfants n’attendent pas les adoptants les bras tendus, ce n’est pas tout beau, tout merveilleux. Ça a pris plusieurs semaines avant que mon mari puisse seulement le toucher », dépeint la maman, qui se souvient que Liam, tel un bébé koala, réclamait ses bras sans interruption pendant trois mois.

« Il va maintenant à la garderie en milieu familial. Tout le monde l’aime et il aime tout le monde. Il n’a aucun retard de langage, il a même beaucoup de vocabulaire. Il est très social », termine Mme Boivin d’une voix sereine.