L'album de Richard Trottier : un présent intemporel

Quoi de plus valorisant pour un père que de voir son fils l’honorer en lui offrant un présent gravé dans une mémoire intemporelle?
« Ça me fait chaud au cœur que mon fils fasse cet album pour moi », confie Richard Trottier, le trémolo à peine perceptible.
Tout a commencé en avril dernier, lors du 40e anniversaire du gym Chez Trottier, le centre d’entraînement situé à Chambly. « Mon père me demandait : “ Qu’est-ce que je pouvais faire pour cette soirée ”, relate Steve Trottier. Je lui ai répondu : “ Appelle tes amis, vends des billets et prépare un petit spectacle de musique parce que tu es bon”. »
Steve anime la soirée du spectacle au cours duquel le père offre alors des chansons de son cru et des reprises. Un ami de Steve, rompu à la musique punk, s’exclame devant lui. Steve raconte : « “ Wow!, c’est Richard, ton père”. Il avait tellement de l’admiration dans les yeux. “ Il est ben bon ”. J’ai eu le déclic : il faut l’enregistrer ».

Les années 1960, la rupture

Bien sûr, 70 ans… ça se fête! À travers le temps est le CD sur lequel on trouve neuf chansons. Il faut rappeler que Richard Trottier faisait partie du groupe Les Différents.
Et celui-ci de confier : « À 14 ans, je jouais chez moi en cachette. » Il dira un peu plus tard que son père est venu une fois le voir lors d’un spectacle. Il cite son père : « “ Vous êtes bon ”. C’est tout ce qu’il a dit. Il n’aimait pas les cheveux longs. »
Félix B. Desfossés, dans son blogue Vente de garage, les décrit ainsi : « Les Différents avaient tout ce qu’il fallait pour se démarquer de la panoplie de groupes au Québec dans les années 60 – et pour atteindre aujourd’hui le statut de classique du garage québécois. Ils jouaient leurs propres compositions, n’ont enregistré aucune reprise et maîtrisaient l’art du fuzz. Par-dessus tout, Les Différents cherchaient à provoquer par leur habillement, par leur attitude et avec une musique beaucoup plus dure que celle de la majorité des groupes dans leur genre ».
Steve a tenu à rappeler aussi que « c’était le premier groupe de Chambly à endisquer; des idoles des années 1960. Ils étaient les meilleurs vendeurs ».

« Aucune raison de partir à 69 ans »

Richard Trottier a vu le jour en 1948. Dans le centre d’entraînement, les photos du culturiste tapissent les murs et viennent rappeler le parcours du septuagénaire.

« Il n’y a aucune raison de partir à 69 ans. »- Steve Trottier

Richard Trottier a donc en principe tous les avantages de rester en forme et en santé. Steve Fortier : « Il y a quelque chose qu’il ne dirait pas, une ombre noire sur les Trottier : pendant quelques décennies, les Trottier mouraient à 69 ans; et là, Richard a eu 70 ans. Je voulais qu’il enregistre un disque, une source à la vie, un plus pour vivre et pour se réaliser. »
Et d’ajouter : « C’était très spontané, ce cadeau-là. C’est sentimental, de la nostalgie pour nous. Je voulais souligner ce passage. Il prônait la santé toute sa vie en s’entraînant. Donc, pour moi, il n’y a aucune raison de partir à 69 ans ».
Richard Fortier raconte que son père n’a jamais connu de maladie. Un jour, poursuit-il, il a été admis à l’hôpital, car il ne se sentait pas bien, et trois semaines après, il est décédé.

Du rock, du folk et des larmes

Sur cet album, Richard Trottier chante des pièces qui n’ont jamais été interprétées, sauf quelques-unes d’Adamo, de Cabrel et de Holliday.
À l’écoute, on perçoit encore le côté rock; d’autres pièces sont adoucies grâce aux notes folk de l’harmonica. « Quand j’ai chanté Je t’aime, c’était la seule chanson qui a fait pleurer ma mère. Elle trouvait les paroles très belles. »
Richard Trottier offrira un spectacle en avril, à la salle Pyramide, à Saint-Alphone-de-Granby. Son fils montera sur scène pour chanter avec lui comme il l’a fait pour cet album.
70 ans … Ça se fête! À travers le temps est disponible au gym Chez Trottier.