Quand le naturel revient au galop

Que seriez-vous prêts à faire pour décrocher l’emploi de vos rêves? Iriez-vous jusqu’à feindre une personnalité qui n’est pas la vôtre pour plaire au grand patron? C’est la question que pose la comédie L’invité de David Pharao, présentée jusqu’au 22 août

Depuis qu’il est revenu habiter au Québec avec son épouse, Ghislain (Serge Postigo) ne parvient pas à trouver d’emploi. Sa situation est précaire et son compte en banque, vide. Après trois ans d’entrevues infructueuses et de déceptions à répétition, l’occasion tant attendue se présente enfin. Une compagnie lui offre un poste de cadre dans une usine située en Indonésie.

Croyant bien faire, le futur salarié convie «l’intégrateur de compétences» à un dîner à domicile, une alternative conviviale aux dispendieux repas au restaurant habituels. Mais voilà. Ouvrir les portes de son domicile à un patron, c’est aussi laisser entrer le loup dans la bergerie. Pour s’assurer de bien paraître, le couple décide de suivre les conseils d’Alexandre, le voisin (Vincent Bilodeau).

Ce dernier est un spécialiste de l’image. Il commence par transformer l’intérieur de l’appartement en y intégrant des œuvres d’art douteuses. Il propose ensuite de la musique d’ambiance et concocte un menu gastronomique cinq étoiles. Mais lorsqu’un fleuriste (Jean-Bernard Hébert) se présente et qu’il y a confusion sur l’invité, tout part en vrille et le naturel revient très vite au galop.

Répliques savoureuses

Mise en scène par Jacques Rossi, <I>L’invité<I> est une comédie légère qui plaira à un large public. On ne rit pas à se fendre l’âme, mais quelques répliques sont savoureuses. L’ironie et le sarcasme sont d’ailleurs présents, ce qui vient ajouter du relief à un texte qui pourrait, sans cela, nous paraître trop linéaire. C’est du théâtre d’été dans la plus pure tradition du genre.

La représentation ne dure qu’une heure et trente minutes, sans entracte. Aussi bien dire que c’est la formule parfaite pour terminer une soirée d’été en beauté. Cela n’empêche pas la pièce de souffrir de longueurs. La première portion de l’histoire occupe, à notre avis, trop d’espace. On aurait souhaité que l’emphase porte sur la journée du repas plutôt que sur celle qui la précède.

Car c’est là que se révèlent les personnages à leur meilleur. Il n’y a rien de plus drôle que de voir une personne à la culture générale limitée essayer d’en mettre plein la vue sans perdre sa crédibilité. L’interrogatoire que fait subir Alexandre à son client, quelques heures avant l’arrivée de l’invité, est désopilant. Même les acteurs ont eu un petit fou rire sur scène. Le meilleur moment du spectacle.

Distribution

En plus de signer l’adaptation, Serge Postigo campe le personnage principal de l’histoire. Il est parfaitement crédible dans la peau de cet homme mi-quarantaine passionné par les petits trains électriques. Cela dit, c’est celle qui joue sa femme sur scène et dans la vie, Karine Belly, qui nous a le plus impressionné. La comédienne maîtrise à la perfection son personnage qui navigue entre la femme forte et la blonde de service.

Au final, on ressort du théâtre de Rougemont avec le sourire aux lèvres et c’est là tout ce dont nous avions besoin. À noter que la pièce sera présentée les jeudis, vendredis et samedis à 20h30 jusqu’au 8 août. Trois autres représentations auront lieu les 14, 15 et 22 août. Information et réservation: www.theatrederougemont.com.