Publier ses livres sans l’entremise d’une maison d’édition

Sébastien Picard, auteur carignanois, vient de publier son tout dernier roman Black Riversans maison d’édition.

À 44 ans, Sébastien Picard publiait son premier roman, Le dernier rempart, tome 1. Maintenant âgé de 47 ans, l’auteur prolifique comptabilise pas moins de 11 romans.  « C’est pas mal arrivé sur le tard. Je n’ai pas de qualificatif académique en écriture. Je suis pas mal intuitif, autodidacte et très imaginatif, je pourrais dire. Ma blonde me trouve bizarre, des fois », décrit l’homme qui est infirmier en dépendance de profession.

Comme si ce nombre ne suffisait pas, il devrait sortir L’Exorciseur dans quelques semaines, ainsi que le troisième tome de L’Imitateur en mai, s’ajoutant au lot.

« On sait qu’au Québec, 96 % des manuscrits envoyés aux maisons d’édition traditionnelles sont refusés. »
– Sébastien Picard

Changement de modèle

Sébastien Picard a démarré sa carrière d’auteur avec Les Éditions de l’Apothéose. C’est sous cette bannière qu’il a publié les cinq tomes de Le dernier rempart. « L’Apothéose, c’est merveilleux pour ceux qui veulent avoir la chance de se faire lire et mettre de quoi sur le marché. Mais, à un moment donné, ce modèle d’affaires me convenait un peu moins », constate l’auteur productif. Sous l’Apothéose, un coût approximatif de 2 000 dollars, qui sortaient directement des poches de Sébastien Picard, était associé à chaque livre. Au rythme où l’écrivain les sort, ses livres, ça devient onéreux. En ajoutant le coût ligué à la réimpression, le profit de ventes devient nul.

« On sait qu’au Québec, 96 % des manuscrits envoyés aux maisons d’édition traditionnelles sont refusés pour plusieurs raisons. Ça ne laisse pas beaucoup d’occasions de se faire connaître »,
souligne-t-il.

C’est donc maintenant par Amazon qu’il transite pour produire ses créations littéraires. Avec ce géant commercial, aucune entente contractuelle n’est exigée. Le coût de réimpression est avantageux en ce sens que le tarif est le même pour « 1 impression ou 999 impressions ». Sébastien Picard garde également le contrôle sur ses livres.

Statistiques en temps réel

Les maisons d’édition dévoilent majoritairement à l’auteur le nombre de livres qu’il a vendus une fois par année. À certains endroits, ce sont deux ou trois fois, tout au plus. Amazon propose des statistiques avancées en temps réel : nombre de pages lues, de livres vendus, le retour mensuel prévu, etc.

Amazon Kindle Direct Publishing, ou Amazon KDP, est la plateforme d’autoédition de livres électroniques et physiques d’Amazon. Tout le monde peut y publier rapidement un livre. Bien que la plateforme permette à une masse de publier, Sébastien Picard estime que ça vient avec ses défauts. « Des gens vont publier des livres sans qu’un correcteur soit repassé dessus. Ça peut être un peu mal fait. Il y a ça, aussi », met en reflet l’auteur. De son côté, deux correctrices repassent à travers ses œuvres avant qu’il ne les publie. « Mon français s’améliore, mais on n’est pas à l’abri d’une petite erreur », convient-il. Il ajoute que posséder quelques aptitudes avec le logiciel Photoshop peut être utile quand vient le temps de confectionner la couverture. « Ça prend un peu de gossage pour la mise en page, mais on y
parvient », admet-il.

Pas de visibilité

Le fait de faire cavalier seul en utilisant Amazon KDP ajoute au défi de se promouvoir. « L’auteur a son livre, mais niveau visibilité, il n’y en a pas », convient M. Picard. C’est à travers des groupes de lecteurs sur les réseaux sociaux, entre autres, que ces auteurs diffusent le fruit de leur travail.

Sébastien Picard aura également l’occasion de présenter son éventail littéraire au Salon littéraire Drummond, le 23 avril prochain. Pour orienter le public, quatre zones aménagées selon les regroupements d’auteurs seront déployées. Le Carignanois sera dans la zone Côté Sombre. Cet espace accueillera les styles suivants : noir, horreur, thriller, policier, fantastique, fantasy, science-fiction. Certains livres de Sébastien Picard se qualifient pour les genres noir, thriller et policier. Ces genres ont la cote chez un public établi. « Je pense que les gens sont attirés un peu par le côté sombre de l’être humain. Je pense que ce côté noir, par exemple de tueurs en série, fascine. On ajoute à ça une petite enquête et des personnages qui, j’espère, sont intéressants. Ça crée une belle chimie pour ce que le lecteur recherche », émet à titre d’hypothèse l’infirmier.

En novembre dernier, Sébastien Picard avait vécu sa première expérience dans un salon littéraire, soit au Salon du livre de Montréal. Parmi sa liste d’auteurs l’ayant inspiré dans sa démarche figurent R. J. Ellory, Michael Connelly et Don Winslow. « Ces hommes sont des maîtres. Ce sont les plus grands auteurs au monde. Disons qu’avec eux, la barre est haute », termine l’auteur de Carignan.