On accroche le jeans sur le cintre
François Lessard alias Wayne Wrangler, guitariste au sein de la formation Bleu Jeans Bleu (BJB), est copropriétaire du Centre Musical EMF (CMEMF) à Chambly. Pour lui, ce sont sur deux fronts que frappe la pandémie, soit l’artiste et l’entrepreneur.
Est-ce que l’ascension de BJB a eu un effet notable sur votre commerce?
C’est difficile à dire. On a rentré des cotons ouatés et les gens ont appris un peu que je jouais dans le band. Je dirais que ça s’est témoigné davantage auprès de la clientèle établie. Les gens me félicitaient et achetaient des cotons ouatés.
En tant que copropriétaire, comment avez-vous arrimé votre horaire entre le CMEMF et la popularité grandissante du groupe?
Un gros merci à mon partenaire qui s’occupe du magasin les vendredis et samedis. Avec les Bleus, avant la crise, on était partis facilement deux ou trois jours par semaine. Je travaille plutôt en début de semaine ou de la maison ou sur la route. Ça a demandé un ajustement. Je le redis, sans mon associé qui travaille toutes les fins de semaine, ce serait tough.
Y a-t-il une crainte quant à l’avenir du CMEMF avec l’arrêt forcé lié à la pandémie?
Oui, vraiment. Nous, il y a les cours de musique. On s’adapte comme on le peut. On a fait la transition des cours privés en cours en ligne. Pour l’instant, ça va bien. Nos profs supportent bien dans le contexte. Mais oui, on a peur pour la suite. On ne sait pas combien de temps ça va durer.
Quelle a été la réaction de BJB à l’annulation de ses activités musicales nombreuses?
On trouve ça plate. C’est notre grosse année avec les festivals. On regarde cela avec positivisme en se disant que ça va reprendre, que ce n’est que partie remise. Le timing est mauvais admettons, car ça se passait beaucoup cette année pour nous.
Palliez-vous cette absence sur scène à l’aide du Web?
Oui un peu. On fait un concours en ce moment en demandant aux gens d’envoyer leurs meilleurs moves de danse pour un clip qu’on va faire avec ce qu’on va recevoir. On essaie d’entretenir les réseaux sociaux pour ne pas que les gens nous oublient.
Recevrez-vous une compensation de la part du gouvernement en tant qu’artiste et en tant qu’entreprise?
On ne le sait pas en fait. En ce qui a trait au CMEMF, j’ai l’impression qu’on tombe entre deux craques. Le gouvernement parle de mesures, mais, pour l’instant, il n’y a rien de concret. On ne sait pas si on est dans la zone de travailleurs autonomes avec les professeurs. Pour les subventions aux commerces, on ne sait pas ce qui adviendra. Pour mon partenaire et moi, en tant que dirigeants d’entreprise, ça demeure complètement flou. On ne sait pas qui aura droit à quoi. Pour les musiciens, c’est aussi encore flou.
Qu’en est-il de vos répétitions en tant que groupe en cette période d’isolement?
C’est tranquille en ce moment. Nous n’avons pas jamé ensemble depuis le début de la crise. On profite de notre temps libre chacun de notre bord. Jamer à distance, c’est difficile en raison des délais malgré toutes les applications possibles. Ce n’est pas possible à vrai dire.
Le 19 février au Centre Bell, vous avez chanté Coton ouaté sur scène avec Céline Dion. Comment le contact s’est-il établi entre vous?
Le gérant de Céline nous a appelés environ trois semaines avant l’événement. On était à Jonquière et on devait le rappeler. On se disait « Voyons qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qu’il veut? » Il nous a offert cette opportunité. Évidemment, on a répondu positivement, mais on n’avait pas le droit d’en parler. Ça a été difficile, mais on a gardé le secret pendant trois semaines.
Parlez-moi de l’expérience.
C’était fou! On est arrivés l’après-midi et on a constaté tout le staff qui s’affaire à la préparation. On a rencontré Céline Dion pour répéter un peu. Elle est super fine, friendly, elle nous a mis à l’aise. Il en est de même pour ses musiciens. C’était malade!
Si on vous avait demandé, il y a cinq ans, auriez-vous plus de chances, dans les années à venir, de voir la Coupe Stanley au Centre Bell ou BJB jouer avec Céline Dion qu’auriez-vous répondu?
Bonne question, c’est drôle ça! J’aurais dit plus de chances pour une Coupe Stanley.
Sur les réseaux sociaux, les gens reprennent la mélodie de Coton ouaté et adaptent les paroles afin de parler du coronavirus. Qu’est-ce que ça vous fait de voir ça?
Ce n’est pas toujours agréable de se faire voler nos chansons sans notre consentement, mais dans ce cas-là, on trouve ça le fun que les gens l’utilisent pour s’amuser et alléger la situation.