Nathalie Simard : reprendre le pouvoir sur une vie mouvementée
Nathalie Simard, personnalité publique culte du Québec, sera en spectacle avec ses musiciens à l’église Saint-Mathias de Saint-Mathias-sur-Richelieu, le 29 septembre prochain à 14 h. Le Journal de Chambly s’est entretenu avec la figure iconique de 54 ans ayant indéniablement marqué une époque.
À neuf ans, vous devenez une chanteuse connue du public et portez le rôle d’enfant-vedette. Quel regard portez-vous sur cette portion de votre vie?
C’est mitigé dans mon cerveau, cette époque, parce qu’il y avait comme une double vie. Du côté professionnel, c’était quelque chose. Je ne voulais pas être chanteuse dans la vie. Je voulais être maîtresse d’école de maternelle. J’ai eu une carrière pour les enfants plusieurs années. C’est venu combler tout ça. Je n’en garde que de beaux souvenirs. Ce sont les fans d’aujourd’hui qui me font apprécier cette époque par les beaux témoignages qu’ils me portent. Avoir bercé une génération d’enfants, ça me touche. C’est un privilège et j’ai beaucoup de gratitude.
Lorsque vous aviez 16 ans, l’émission Le Village de Nathalie a accompagné de nombreux jeunes Québécois dans les années 80. Parlez-moi de cet univers.
Ça a été une belle expérience. C’étaient mes premiers balbutiements en jeu. J’étais entourée de la crème de la crème, avec de nouveaux comédiens qui sortaient de l’École nationale de théâtre de Québec. C’était une belle gang d’acteurs sympathiques et dévoués. Je me faisais coacher. J’étais le p’tit bébé. Je m’amusais vraiment à tourner cette émission.
La chanson Tourne la page, interprétée en duo avec votre frère René Simard, a été un retentissant succès. Encore aujourd’hui, la chanson existe vivement. Quelle place occupe cette chanson dans votre vie?
La même place qu’elle occupe dans le cœur des Québécois. Elle a marqué une époque et un tournant dans ma carrière : changement de look et d’apparence physique. On a tourné la page concrètement. J’étais contente de devenir une femme. La beauté de cette chanson-là, c’est qu’elle perdure dans le temps. Les gens vont toujours en parler, comme celle de La Guerre des tuques (L’amour a pris son temps). Si tu ne fais pas celle-là en show, ça ne passe pas!
Lorsqu’est arrivé le milieu des années 90, votre visibilité publique a diminué. Avez-vous eu ce besoin de recul sur votre vie?
C’est sûr. Et j’ai mis tout mon temps sur la naissance/vie de ma fille. J’avais besoin d’une pause. On a décidé que c’était assez, alors j’ai tiré la plug. J’ai été laissée toute seule à moi-même. Ça a été une période quand même difficile, mais une des plus belles écoles de ma vie. Ça m’a permis d’être proche de mon enfant et de garrocher mon dévolu sur elle. C’était mon projet. Je voulais en faire une forte et solide, capable de dire » non ». La vie a quand même bien fait les choses malgré ce saut dans le vide. Avec ce que l’on sait aujourd’hui, oui, j’avais besoin de temps pour me retrouver et refaire mes repères. J’étais perdue là.
De 2004 à 2017, vous avez vécu plusieurs tempêtes. Comment les avez-vous traversées?
On les traverse comme on peut. Il n’y a pas de livres. Il y a un avant et un après dénonciation. J’ai vraiment fortement vécu les deux temps. Il y a eu un moment de libération, mais ça n’a pas toujours été simple. J’ai vécu beaucoup d’assauts et de jugement. Ça m’a pris du courage pour continuer. J’ai recommencé à respirer avec le #metoo/moiaussi. Ça a changé ma vie. C’est là que tout s’est mis à mieux aller dans ma vie. Je n’allais pas bien et ça a été un éveil. Ça a été un long processus, duquel je suis fière aujourd’hui. J’ai repris le pouvoir sur ma vie personnelle et professionnelle.
Vous êtes notamment chanteuse, comédienne, animatrice radio, chroniqueuse et conférencière. Quel regard portez-vous sur votre carrière?
C’est une carrière positive. C’est un parcours de résilience. Je suis tombée, je me suis relevée. On a tous nos épreuves. On doit les passer du mieux que l’on peut. On doit aller chercher de l’aide et j’ai su le faire. Ma fille m’a gardée en vie. Elle m’a motivée à oser dans la vie et à me découvrir de nouvelles passions. Pour moi, vieillir, c’est le plus beau cadeau de vie. Elle est belle, cette grande vie, et vaut la peine que l’on se batte pour elle.
Nathalie Simard est marraine de la Maison la Grande Ourse Montérégie. L’initiative thérapeutique gratuite vient en aide aux survivantes d’agressions et de violence à caractère sexuel. Elle rencontre les usagères du lieu toutes les deux semaines.
Il est possible de se procurer des billets pour son spectacle en contactant la paroisse de Saint-Mathias ainsi qu’au Club FADOQ de Saint-Mathias-sur-Richelieu.